Nomination du gouvernement Bayrou : le Premier ministre veut peser face à l’Elysée

Nomination du gouvernement Bayrou : le Premier ministre veut peser face à l’Elysée

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L’édito de Paul Quinio

En s’entourant de revenants dans son équipe gouvernementale, François Bayrou entend montrer les muscles face à Emmanuel Macron. Au risque d’une censure rapide en raison de l’absence de signaux envoyés à gauche.

Il y aura donc un gouvernement pour Noël. Un gouvernement, comme annoncé par François Bayrou, de «poids lourds», avec le retour d’Elisabeth Borne à l’Education, de Gérald Darmanin à la Justice, et l’arrivée de… Manuel Valls chargé de l’épineux dossier de l’Outre-mer. Ce choix du Premier ministre s’entend. La crise politique est suffisamment grave pour demander aux personnalités les plus expérimentées de mouiller le maillot. Cela peut contribuer à rassurer une opinion publique inquiète des conséquences du bazar qui perdure depuis la dissolution calamiteuse du chef de l’Etat. La limite de l’exercice est évidemment, notamment avec la recrue Manuel Valls, d’envoyer comme message à l’opinion que ce gouvernement entend faire du neuf avec des revenants. Coucou, nous revoilou.

Pour François Bayrou, la présence dans son équipe de ces cadors est une manière de peser face au Président. La séquence de sa nomination à Matignon, puis celle de la composition du gouvernement, a confirmé que ces deux alliés depuis la première heure n’entretiennent pas des relations complètement pacifiées. Les deux hommes détestent avoir tort, ont une haute opinion d’eux-mêmes, n’appartiennent pas à la même génération. Gare aux frictions. Cette volonté de peser face à l’Elysée avec ces fortes têtes souffre d’un paradoxe : la nomination d’un novice à Bercy. Elle risque aussi d’avoir un revers : avec deux anciens Premiers ministres, un ancien ministre de l’Intérieur qui ne cache pas ses ambitions présidentielles et un Bruno Retailleau qui va continuer de prendre ses aises, François Bayrou aura besoin de toute son autorité pour s’imposer, notamment quand viendra le temps de faire avaler à l’une ou l’autre des arbitrages délicats. Reste la question cruciale : en l’absence de signaux envoyés à gauche (Valls et Rebsamen ne bénéficient pas de cette étiquette), le gouvernement de François Bayrou sera-t-il davantage que celui de Michel Barnier à l’abri d’une censure rapide ? Une partie de la réponse réside dans l’absence de Xavier Bertrand, figure d’épouvantail pour le RN, dans l’équipe gouvernementale. Une partie seulement, l’histoire très récente ayant démontré que les éventuelles promesses de l’extrême droite n’engagent que ceux qui les entendent.

Libération