Dans «Un autre m’attend ailleurs», les tumultueuses liaisons de Marguerite Yourcenar

Christophe Bigot plonge le lecteur dans la relation déchirante qu’entretint la première femme élue à l’Académie française, «victime consentante» d’un homme de quarante-six ans son cadet.

C’est à une chanson de Véronique Sanson, On m’attend là-bas, que le titre de ce roman fait penser. Sanson est une grande amoureuse, et c’est sous ces mêmes traits que Marguerite Yourcenar est peinte par Christophe Bigot. Il saisit son narcissisme, aussi. Professeur de lettres par ailleurs, le romancier connaît la vie et l’œuvre de la première académicienne sur le bout des doigts. Avec ce livre, il comble un vide: il invente des dialogues, confère une épaisseur à la relation méconnue et peu documentée qu’elle a entretenue avec un homme de quarante-six ans son cadet. Elle le rencontre lorsqu’elle a 76 ans. Lui, Jerry Wilson, âgé de 30 ans, est un photographe américain. Il est homosexuel, en couple mais en couple libre avec un producteur, Maurice Dumay, qui vient trouver Yourcenar sur son île du Maine pour la télévision française. On est en 1978, elle est couverte d’honneurs. Ses titres de gloire sont «lourds comme des vases grecs. Pompeux comme des épitaphes princières». Elle habite sa maison, Petite Plaisance, avec l’Américaine Grace Frick, sa compagne et traductrice, mourante lorsque le quatuor fait connaissance. La présence de Jerry donne un coup de fouet à Marguerite mais elle chagrine Grace, qui meurt en 1979. L’histoire avec Jerry Wilson durera jusqu’à la mort de celui-ci, en 1986, du sida. L’écrivaine décède un an plus tard. Ces amants ne savent pas s’aimer tranquillement. Parfois Wilson serre Yourcenar dans ses bras et l’incite à partager sa chambre. Par