A Mayotte, après le cyclone Chido, le vaste chantier de l’éducation

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Archimède Houmadi semble un peu perdu. Dans son tee-shirt rouge trop grand et poussiéreux, il se promène dans la cour du collège Nelson-Mandela de Doujani, au sud de Mamoudzou. De sa voix fluette, l’adolescent de 13 ans raconte que son banga, sa case en tôle, a été détruit par le cyclone Chido qui a ravagé Mayotte le 14 décembre. Depuis, il dort dans la classe d’arts plastiques de son collège.

La nuit, « ma mère reste dehors, dit-il, pour surveiller les tôles de la maison » et éviter qu’on ne lui dérobe ce qui lui permettra d’abriter à nouveau ses enfants. Elle en a sept.

Archimède fait partie des milliers de sinistrés aujourd’hui mis à l’abri dans des établissements scolaires de l’archipel de l’océan Indien, dont le bâti a pourtant été largement endommagé.

Ce département – le plus pauvre de France et parmi les plus densément peuplés – était déjà en proie à de multiples « crises ». L’insécurité, le manque d’eau, la pénurie de logement, la gestion des flux migratoires venus des Comores… Aujourd’hui, le cyclone et ses conséquences mettent notamment en tension extrême un système éducatif déjà exsangue, qui peine à scolariser tous les enfants de l’archipel (plus de la moitié de la population n’a pas 18 ans), manque de salles de classe, est régulièrement confronté à des phénomènes de violence et accueille pour moitié environ une population sans papiers.

La cour du collège Nelson-Mandela de Doujani, au sud de Mamoudzou, le 25 décembre 2024.

Aujourd’hui, des dizaines de toitures sont défaites, des kilomètres de clôtures à terre, des centaines de salles inutilisables : plafonds effondrés, matériel détrempé, fenêtres brisées… A ces dégâts sont venus s’ajouter des vols ainsi que les conséquences quotidiennes d’une autre situation : les établissements scolaires devaient être des lieux de refuge le temps que le cyclone passe, ils sont devenus des centres d’hébergement pour ceux dont la maison a été détruite et servent aussi d’abri aux policiers, militaires, associatifs et soignants venus en renfort.

Le Monde

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