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Le réseau social le plus téléchargé au monde se prépare à l’arrêt de ses activités aux Etats-Unis, prévu dimanche 19 janvier. Le téléchargement de cette application, particulièrement plébiscitée par les jeunes pour ses formats vidéo ultra courts qui défilent en continu, ne sera peut-être plus possible sur le sol américain, rapporte le site The Information.
Avec plus de 170 millions d’utilisateurs aux Etats-Unis, TikTok pourrait toutefois survivre grâce à l’intervention du président élu Donald Trump, qui a promis de sauver la plateforme. Le directeur général du réseau Shou Zi Chew a même été invité à son investiture le 20 janvier, où il occupera une place d’honneur, affirme le New York Times. L’interdiction de la plateforme peut-elle être évitée ?
Pourquoi TikTok a-t-il été interdit aux Etats-Unis ?
Le Congrès a adopté en avril 2024 un texte contraignant la maison mère de TikTok, ByteDance, à vendre ses activités américaines d’ici au 19 janvier, sous peine d’interdiction du réseau social aux Etats-Unis. Les élus américains ont justifié cette décision par les craintes de voir les données et contenus des utilisateurs américains exploités par les autorités chinoises, soupçonnées d’espionnage. La loi prévoit d’obliger les fournisseurs d’Internet et les boutiques d’applications à empêcher TikTok d’être téléchargé après la date butoir.
Où en est la procédure d’interdiction ?
TikTok et ByteDance ont toujours réfuté avoir accordé l’accès aux données du réseau social au gouvernement chinois. Ainsi, ByteDance a jusqu’ici systématiquement refusé de céder TikTok, même si plusieurs investisseurs américains se sont positionnés, en premier lieu l’homme d’affaires Frank McCourt, prêt à mettre 20 milliards de dollars sur la table.
Une partie du sort de la plateforme repose sur la Cour suprême, saisie en urgence mi-décembre 2024 par le groupe pour bloquer l’application de la loi. A l’audience qui s’est déroulée vendredi 10 janvier, plusieurs magistrats de la plus haute juridiction américaine ont semblé sensibles aux arguments liés à la sécurité nationale soulevés par le Congrès. La décision de la Cour suprême est attendue d’un jour à l’autre.
Comment pourrait se dérouler l’arrêt de la plateforme ?
A compter de dimanche, les utilisateurs ayant déjà téléchargé l’application ne pourront plus l’ouvrir et seront dirigés automatiquement vers un message relatif aux nouvelles dispositions législatives. Ils se verront proposer de télécharger leurs données et contenus publiés sur la plateforme. Ceux qui n’ont pas l’application ne pourront plus la télécharger. Autre possibilité : les utilisateurs ne pourront simplement plus faire de mises à jour, ce qui, à terme, rendrait difficile, voire impossible l’utilisation de l’appli.
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Dans un message interne envoyé aux équipes de TikTok, la direction a affirmé qu’elle «se préparait à plusieurs scénarios». Elle a également assuré aux salariés américains du groupe que «leur emploi, leur salaire et leurs avantages» seraient préservés quelle que soit la voie choisie par TikTok.
Quels sont les scénarios possibles ?
L’interdiction. Le gouvernement américain pourrait contraindre les boutiques d’applications mobiles de retirer le réseau social de leur catalogue. Le réseau social étant toujours accessible ailleurs qu’aux Etats-Unis, les internautes américains qui le souhaitent pourraient utiliser un VPN, logiciel qui permet de tromper sites et boutiques d’applications sur sa localisation géographique.
Le contournement. L’application de la loi sera laissée à la main de la future ministre de la Justice, Pam Bondi. Compte tenu de l’opposition de Donald Trump à la disparition de TikTok, elle pourrait choisir l’inaction, préservant ainsi de fait le réseau social. Dans le cadre de la procédure devant la Cour suprême, le président élu a demandé aux hauts magistrats de renvoyer leur décision à après son investiture, s’estimant en mesure de «sauver la plateforme tout en répondant aux inquiétudes en matière de sécurité nationale». Il pourrait notamment suggérer des amendements pour offrir des marges de manœuvre à TikTok. Un revirement étonnant alors que Donald Trump a tenté, au cours de son premier mandat, de bloquer l’application aux Etats-Unis.
@liberation.fr 📱 Soupçonnée d’espionnage par Washington, l’application TikTok risque de disparaître du territoire américain le 19 janvier si elle ne trouve pas de repreneur. Face à cela, de nombreux créateurs de contenu s’en vont vers le réseau social chinois Xiaohongshu («petit livre rouge»). 🎥 Emanuel Descours Libération ReseauxSociaux
La revente. Jusqu’ici, ByteDance s’est opposé à l’idée de céder son joyau mais, selon l’agence Bloomberg, le gouvernement chinois serait ouvert à un rachat par Elon Musk, déjà actionnaire majoritaire du réseau social X, et allié de Donald Trump. TikTok a qualifié lundi ce scénario de «pure fiction». D’autres candidats se sont déclarés, comme l’homme d’affaires Frank McCourt, propriétaire du club de football de l’Olympique de Marseille, qui estime à 20 milliards de dollars la valeur de TikTok US. L’ancien patron de l’éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard, Bobby Kotick, serait aussi intéressé.
La migration des utilisateurs. Nombre des créateurs de contenus ont déjà migré vers d’autres plateformes, comme YouTube et Instagram, les premières menaces sur l’avenir de TikTok remontant à près de cinq ans, sous le premier gouvernement Trump. Ces derniers jours, des créateurs ont aussi trouvé refuge sur l’application chinoise Xiaohongshu (Petit Livre rouge), susceptible d’être également visée par les autorités américaines pour les mêmes raisons que TikTok.
Dans quels pays TikTok est-il déjà interdit ?
En Albanie, TikTok doit fermer pendant au moins un an à partir de début 2025. En annonçant la suspension fin 2024, le Premier ministre, Edi Rama, a qualifié l’application de «voyou du quartier». La décision a été prise moins d’un mois après qu’un élève de 14 ans a été tué et un autre blessé lors d’une rixe près d’une école de la capitale Tirana, intervenue après un conflit sur les réseaux sociaux.
En novembre, le Népal a interdit TikTok car son contenu porterait préjudice à «l’harmonie sociale» de la nation, a déclaré le gouvernement. Selon les autorités, les contenus publiés sur le réseau attiseraient la haine religieuse et la violence tout en encourageant les abus sexuels.
En Inde aussi, la plateforme a été bannie, tout comme 200 applications chinoises, après un affrontement meurtrier entre les armées chinoise et indienne dans l’Himalaya en juin 2020. D’après le gouvernement indien, ces applications compromettaient la souveraineté, la sécurité et l’intégrité nationales. TikTok a ainsi perdu son plus grand marché, estimé alors à plus de 120 millions d’utilisateurs actifs par mois.
Même interdiction en Afghanistan en avril 2022, après le retour au pouvoir des Talibans. La Jordanie a suivi quelques mois plus tard, officiellement pour des raisons de sécurité. Le Pakistan a temporairement interdit au moins quatre fois l’application depuis octobre 2020.
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