« Nous faisons face à la pire crise alimentaire et humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale. » Lors du Forum de Paris pour la paix le 11 novembre 2022, David Beasley, directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), a tiré la sonnette d’alarme : tous les voyants sont au rouge en matière de sécurité alimentaire.
Après plusieurs décennies de déclin, la faim progresse dans le monde depuis 2017, sous l’effet du dérèglement climatique, de l’instabilité économique et politique, et des conflits armés.
Ces dernières années, la pandémie de COVID-19 a été un facteur majeur d’insécurité alimentaire croissante. Fin 2021, 9,8 % de la population mondiale souffrait de la faim (soit entre 702 et 828 millions de personnes), selon le dernier rapport des Nations Unies. C’est 150 millions de personnes de plus qu’avant la crise sanitaire.
- Le continent africain est de loin le plus vulnérable : 20 % de sa population souffre de sous-alimentation (contre 9,1 % en Asie et 8,6 % en Amérique latine).
- Les agences onusiennes estiment que 3,1 milliards de personnes ne peuvent se permettre une alimentation saine, soit 42 % de la population mondiale – une proportion qui dépasse 80 % en Afrique.
Une « crise des prix »
D’autres indicateurs de malnutrition sont préoccupants :
- 22 % des enfants de moins de 5 ans dans le monde souffrent de retard de croissance.
- 6,7 % sont émaciés.
- 5,7 % sont en surpoids.
- Un tiers des femmes de 15 à 49 ans souffrent d’anémie.
Si la pandémie de COVID-19 a été un catalyseur d’insécurité alimentaire, la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine depuis février 2022 a encore fragilisé les populations vulnérables. En paralysant deux exportateurs de matières premières agricoles, le conflit a déstabilisé les marchés et touché les pays d’Afrique et du Moyen-Orient qui s’approvisionnaient auparavant auprès de ces deux géants. L’accord céréalier de la mer Noire, conclu en juillet et reconduit en novembre pour permettre les départs de cargaisons depuis les ports ukrainiens, a quelque peu apaisé les marchés, mais n’a pas levé toutes les inquiétudes.
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