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Ce documentaire sur des adolescents difficiles, diffusé mardi 29 octobre à la télévision et qu’a regardé la sociologue Anna Colin Lebedev, livre un regard sans complaisance sur les dérives qui traversent la société russe, pétrie d’un nationalisme viril et offensif soutenu sans réserve par l’Eglise orthodoxe.
Dans la ferme du père Boris, dans la région de Perm, à 1 500 km à l’est de Moscou, se croisent les trajectoires du jeune Nikita, 13 ans, qui débarque à peine, et de Zakhar, un Rom de Crimée, de deux ans son aîné, un habitué du lieu. Ils vivent là, dans ce centre de rééducation orthodoxe, parmi une trentaine de gamins oubliés de Dieu. Pendant quatre longues années, entre 2018 à 2022, la réalisatrice Salomé Hévin a filmé ces adolescents, alors qu’ils cheminent vers l’âge adulte. A travers leur quotidien, se dessine l’histoire de la Russie, marquée par un patriotisme exacerbé et l’invasion de l’Ukraine, dans Younost, un documentaire à la fois tendre et dur, diffusé le 29 octobre sur France 2.
La sociologue Anna Colin Lebedev, spécialiste de la Russie et autrice de Jamais Frères ? Ukraine et Russie : une tragédie postsoviétique (Seuil, 2022), en parle ainsi pour Libération :
«Younost, une jeunesse russe est un film qui réussit ce que beaucoup d’œuvres échouent à faire en ce moment : donner à sentir et à comprendre la société russe dans toute sa complexité et dans toute son ambiguïté, sans complaisance, mais sans jamais renoncer à l’humanité des personnages. Les adultes montrés dans le film sont souvent durs, maltraitants, radicaux, et pourtant la réalisatrice parvient à capter leur volonté paradoxale de faire le bien des enfants qu’ils encadrent. La domination et le soin, l’idéologie et l’abandon, la solitude et l’affection se côtoient dans le film. Le
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