Donald Trump gracie pratiquement tous les insurgés de Capitole

Donald Trump gracie pratiquement tous les insurgés de Capitole

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Ils en étaient certains. Depuis une semaine, ils exultaient et se disaient sur le départ. Prêts à enfin quitter les cellules où ils purgeaient les peines reçues pour leurs actions, parfois extrêmement violentes, lors de l’attaque du Capitole il y a quatre ans, le 6 janvier 2021, perçue comme une attaque contre le sanctuaire de la démocratie américaine. Devant le centre de détention de Washington DC, où une trentaine d’entre eux étaient incarcérés, leurs proches répétaient chaque soir, lors d’une veillée incantatoire, avoir une «confiance aveugle» en Donald Trump, être persuadés que ce qu’ils considéraient comme une «injustice» ou une «perversion de la justice» allait être réparé dès le retour du républicain à la Maison Blanche. Ils avaient raison d’être optimistes. Lundi soir, quelques heures à peine après avoir été investi 47e président des Etats-Unis, et tout juste assis sur le fauteuil du Bureau ovale, Donald Trump a confirmé avoir accordé sa grâce présidentielle à la plupart des émeutiers, «les otages de J6», comme il les avait baptisés.

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Le nouveau président a signé un décret présidentiel, un parmi la centaine paraphés dans la soirée, accordant la grâce présidentielle aux insurgés. «C’est pour le 6 janvier, pour les otages, environ 1 500 personnes qui seront complètement graciées», a-t-il déclaré en apposant sa signature sur le décret. «Cette proclamation met fin à une grave injustice nationale infligée au peuple américain au cours des quatre dernières années et commence un processus de réconciliation nationale», est-il écrit dans le texte officiel du décret, publié par la Maison Blanche.

La grâce bénéficie à l’ensemble des personnes condamnées pour participation à l’assaut du Capitole, à l’exception de 14, dont la peine est commuée en période de prison déjà purgée. Il s’agit de membres des mouvements d’extrême droite durs Oath Keepers et Proud Boys, dont le fondateur des Oath Keepers, Stewart Rhodes, avait été condamné à 18 ans de prison. Tous les autres, y compris l’ancien chef des Proud Boys, Enrique Tarrio, condamné en septembre 2023 à 22 ans de prison, soit la plus lourde peine prononcée pour l’assaut contre le Capitole, ont reçu une grâce intégrale. Le décret annule également les poursuites encore en cours contre quelques centaines de personnes.

Impitoyables

«Nous espérons bien qu’ils sortiront cette nuit», a même précisé Donald Trump tout en répétant que les insurgés du Capitole avaient «été traités très injustement». «Les juges ont été absolument impitoyables. Les procureurs aussi». Immédiatement, des soutiens des insurgés incarcérés à Washington DC se sont précipités devant le centre de détention, situé dans l’Est de la capitale, persuadés de les voir sortir de prison dès ce lundi soir. Mais en fin de soirée, alors que le froid devenait vraiment polaire, les portes de la prison restaient encore fermement closes. Un père et ses deux filles, qui n’ont pas voulu donner leur identité, piétinent devant le bâtiment de brique rouge, lourdement éclairé par les projecteurs. Originaires de l’Indiana, ils étaient présents au Capitole le 6 janvier 2021. Ils sont revenus à Washington ce 20 janvier pour l’investiture de «leur président», et avaient même des tickets pour la cérémonie. Le transfert de la prestation de serment à l’intérieur du Capitole a bouleversé leurs plans. Ils ont passé finalement quatorze heures, dont les deux dernières devant la prison, à piétiner dans le froid, «pour apporter notre soutien aux otages». «Ces heures dans le froid, ce n’est rien par rapport à ce qu’eux vivent à l’intérieur», expliquent-ils en mordant dans une part de pizza rapidement refroidie.

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Alors que les heures filent et que rien ne se passe, une certaine agitation s’empare des supporters qui, devant les caméras et micros des journalistes présents en nombre, se désolent du fait que le Bureau des Prisons, en charge de l’administration des détenus, semble «désobéir à la consigne du pardon». L’un d’entre eux explique avoir appris que Jake Lang, incarcéré à quelques mètres d’eux, aurait été «attaqué» et menotté par des gardiens de la prison.

Et puis, peu après 23h00, un mouvement, un brouhaha ébranle la foule. Un homme en costume cravate et écharpe rouge autour du cou s’avance devant les micros et se présente comme un officier de liaison de la Maison Blanche. Il annonce solennellement que, «en conformité avec le décret présidentiel signé ce lundi par le président Trump», deux détenus s’apprêtent à sortir de la prison. Applaudissement, sifflements, c’est la fête.

A peine la grâce officiellement signée, l’ex-présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a réagi avec consternation. Présente au Capitole le 6 janvier 2021, elle s’est indignée dans un communiqué contre une «insulte au système judiciaire» américain et a accusé le nouveau président républicain de s’être ainsi rendu coupable «d’abandon et de trahison des policiers qui ont risqué leur vie pour arrêter une tentative de subversion du transfert de pouvoirs».

Mis à jour à 05h55 avec annonce de la libération imminente de deux détenus

Libération

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