Volet financier de l’affaire Karachi : une relaxe et cinq condamnations en appel pour les secondes mains

Volet financier de l’affaire Karachi : une relaxe et cinq condamnations en appel pour les secondes mains

Главная страница » Volet financier de l’affaire Karachi : une relaxe et cinq condamnations en appel pour les secondes mains

Au risque de l’archéologie, la justice française chemine à son rythme. Ce mardi 21 janvier, la cour d’appel de Paris a ainsi rejugé du volet financier de l’affaire Karachi, soit la vente il y a désormais trente ans de sous-marins au Pakistan et de toute une quincaillerie militaire en Arabie Saoudite, toutes accompagnées de commissions occultes. En première instance en juin 2020, le tribunal avait eu la main lourde contre les six prévenus, avec des peines allant de deux à cinq ans de prison ferme. Si la cour d’appel a prononcé des peines plus légères qu’en première instance, elle a néanmoins confirmé la peine de cinq ans de prison concernant Ziad Takieddine, ainsi que le mandat d’arrêt émis à l’encontre de cet intermédiaire, en fuite au Liban.

Parmi les six prévenus, Nicolas Bazire, alors directeur de cabinet d’Edouard Balladur à Matignon, puis directeur de sa campagne présidentielle en 1995, est le seul à échapper à une condamnation, au contraire de Renaud Donnedieu de Vabres, alors directeur de cabinet de François Léotard au ministère de la Défense. Ce dernier s’est vu infliger ce mardi quatre ans de prison avec sursis et 50 000 euros d’amende.

Les deux mentors – et donc donneurs d’ordres – avaient eu droit à plus de clémence devant la Cour de justice de la République (CJR, composée à parité entre des magistrats et des parlementaires, à la mansuétude proverbiale) : relaxe pure et simple pour Balladur en mars 2021, deux ans avec sursis pour feu Léotard, mort en février 2023.

Le réseau parallèle du tandem Assir-Takieddine

En cause également les intermédiaires chargés de faire valser les fonds : Abdul Rahman el-Assir – il a été condamné en appel à quatre ans de prison ferme avec confirmation du mandat d’arrêt – et le désormais célèbre Ziad Takieddine – également poursuivi dans l’actuel procès d’un éventuel financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. En première instance, les juges avaient estimé leur intervention «sans aucune utilité avérée ni justification économique». Et pour cause : au Pakistan, le mari de Benazir Buttho, alors Première ministre, avait déjà été arrosé par la Direction des chantiers navals, vendeuse des sous-marins (DCN) ; en Arabie Saoudite, la famille royale s’était également servie comme à son habitude, sans besoin de montages financiers alambiqués. Déjà réfugié dans son Liban natal, Takieddine avait écopé du maximum, soit cinq ans ferme. Sa peine est confirmée en appel, assortie d’un mandat d’arrêt à son encontre.

Le réseau parallèle du tandem Assir-Takieddine, «imposé par le pouvoir politique», n’aurait-il servi qu’à nourrir des rétrocommissions ? C’est la conviction de la justice française en raison d’un dépôt d’espèces de 10,25 millions de francs (en grosses coupures de 500) dans les comptes de campagne d’Edouard Balladur. Ultime protagoniste, le banquier Thierry Gaubert, ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy à la mairie de Neuilly puis au ministère du Budget sous la deuxième cohabitation, lui aussi poursuivi dans l’affaire libyenne, condamné à deux ans ferme en première instance. Il écope également d’une condamnation en appel à un an de prison ferme aménagé et 60 000 euros d’amende.

De Cassation en aménagements de peine, sans parler de fuites à l’étranger, il n’est guère évident que l’un des protagonistes aille réellement un jour en prison. Surtout pour une si vieille affaire.

Mis à jour à 15h15 avec toutes les peines prononcées en appel.

Libération

Post navigation

Leave a Comment

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *