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«Je voulais étudier dans le Sud pour fuir les loyers parisiens, raconte Asma, 23 ans, originaire de Bagnolet et inscrite en master culturel. Mais cet été, quand j’ai constaté que les locations à Montpellier étaient presque aussi chères qu’à Paris, j’ai envisagé de tout arrêter. Je ne me voyais pas travailler toute la semaine pour payer mes études.»
Des prix prohibitifs
Le cas de la jeune fille est loin d’être unique. De nombreux jeunes désirant étudier à Montpellier se retrouvent confrontés à cette équation : peu de toits et beaucoup de tuiles. «Montpellier compte près de 80 000 étudiants et manque cruellement de logements accessibles, résume Sylvie Chamvoux, directrice de l’agence Occitanie de la Fondation Abbé-Pierre. Avec environ 8 300 places, le Crous n’abrite que 10 % des étudiants. Le parc social de la métropole est loin de répondre à toutes les attentes : un seul logement est accordé pour dix demandes.» Quant au parc privé, il reste trop cher, en dépit de l’encadrement des loyers, mis en place à Montpellier depuis 2022. Pléthore de résidences privées et de sociétés spécialisées dans le logement étudiant proposent des chambres, des studios ou des appartements en colocation à des prix prohibitifs. «Louer ici, s’avère plus coûteux qu’à Toulouse, poursuit Sylvie Chamvoux. Des studios, voire des chambres, sont proposés à 500 ou 600 euros par mois, parfois même davantage. Certains jeunes doivent se rabattre sur des logements peu chers mais indécents, des passoires thermiques dans lesquelles ils renoncent à se chauffer.» Et étouffent l’été.
«Victimes d’arnaques»
Le coût élevé des loyers s’inscrit dans un manque chronique de petits logements, comme le déplore Dominique Rigal, conseillère info jeunesse au centre régional information jeunesse de Montpellier : «Dès les résultats de Parcoursup, c’est la course pour trouver un toit. Or, les agences immobilières proposent des offres de location au compte-gouttes. Nous avons déjà rencontré un jeune en formation qui devait dormir dans sa voiture. D’autres étudiants sont victimes d’arnaques, paient des cautions avant même de visiter, parfois pour des appartements qui n’existent pas…»
Dans ce contexte tendu, quelques initiatives émergent, comme le logement intergénérationnel. Asma, elle, a finalement trouvé une solution grâce à l’Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev). Spécialisée dans l’engagement des jeunes au sein de quartiers défavorisés, cette structure a créé à Montpellier, en 2022, des «colocations à projets solidaires». Baptisées «Kaps», elles visent à instaurer davantage de mixité au sein des quartiers. «Nous disposons d’une quinzaine de logements sociaux situés à la Mosson, un vaste quartier prioritaire de Montpellier. Les “kapseurs” et les “kapseuses” qui y sont logés bénéficient d’un loyer très modéré, détaille Claire Brun-Mandon, déléguée territoriale de l’Afev. En contrepartie, ils s’engagent à accompagner bénévolement deux heures par semaine un jeune du quartier, et à s’investir dans une association locale trois heures par semaine.» Ce dispositif séduit : l’Afev de Montpellier reçoit environ 300 candidatures par an pour, actuellement, 52 places dans les Kaps. Asma mesure sa chance : «Avoir ce logement, pour lequel je ne paie que 180 euros de loyer, ça a sauvé mon année d’étude. Quant au mentorat et au travail mené auprès d’associations du quartier, cela me permet non seulement de créer des liens, mais aussi de me sentir utile.»
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