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Patrimoine
La ministre de la Culture a approuvé la demande de personnalités du secteur, sans pour autant donner d’horizon clair au projet.
Vendredi 18 octobre, le cinéaste Costa-Gavras, président et administrateur de la Cinémathèque Française, publiait avec d’autres personnalités du secteur (le vice-président Olivier Assayas, la présidente des césars Véronique Cayla, la directrice générale de La Fémis Nathalie Coste-Cerdan…) une tribune dans le Monde réclamant de «doter la France d’un musée national du cinéma». Dès le lendemain, la ministre de la culture, Rachida Dati, de passage au festival Lumière à Lyon, qui avait en ouverture rendu un hommage particulier à Costa-Gavras, a abondé dans son sens : «Nous avons en France des collections patrimoniales uniques au monde […] et elles sont en caisses depuis presque trente ans ! Depuis l’incendie du musée de Chaillot.» En juillet 1997, la toiture s’était embrasée. La maîtrise du feu avait noyé les salles d’exposition et la salle de projection de la vieillissante cinémathèque Chaillot. La réinstallation de l’institution patrimoniale dans les locaux biscornus de l’American Center construit en 1994 par Frank Gehry, dans le 12e arrondissement de Paris, n’a jamais permis de déployer de manière satisfaisante l’ensemble des éléments d’archives précieusement sauvegardés par la Cinémathèque : «Nous possédons les plus belles collections au monde car, depuis sa création, en 1936, la Cinémathèque française collecte et conserve non seulement les films du monde entier, mais aussi tous les objets et documents liés à leur fabrication : affiches et photographies, costumes et décors, appareils de projection et caméras, scénarios et story-boards, jusqu’aux lanternes magiques du précinéma» plaide Costa-Gavras dans le texte de la tribune. «Ce musée national du cinéma ne serait pas un musée de plus : nous l’imaginons comme un vaste espace de découvertes et de rencontres qui mêlerait installations scénographiques et projections, ateliers pédagogiques et recherches savantes sur l’histoire du cinéma, reflétant aussi la révolution contemporaine de nos métiers.»
Un projet à Cannes
Il cite notamment en exemple l’ouverture en 2021 à Los Angeles de l’Academy Museum of Motion Pictures, qui se présente comme le plus grand espace muséal de ce genre au monde avec 4200 m² d’espace d’exposition, deux salles de cinéma et possédant 13 millions de références d’archives allant des story-boards aux costumes, éléments de décors ou d’accessoires, photographies de plateaux etc.
Thierry Frémaux, l’actuel directeur de la Cinémathèque Frédéric Bonnaud et le maire de Cannes David Lisnard avaient fait conférence de presse commune en mai 2022 pour assurer qu’«un musée international du cinéma» ouvrirait ses portes en 2028 dans la ville accueillant déjà le plus grand festival au monde, un projet à 200 millions d’euros.
On peut imaginer que si un tel musée devait voir le jour à un horizon encore parfaitement hypothétique, Cannes ne clignoterait pas immédiatement comme l’option la plus pertinente à la fois d’un point de vue géographique (encore plus de cinq heures de train de Paris) et touristique (capacité d’accueil en hôtellerie limité et trop cher). Le projet, du reste, semble aujourd’hui en suspens et l’offensive médiatique en ping-pong de Costa-Gavras et Dati relance la donne sans plus de précision hormis «une vraie réflexion sur la faisabilité de ce musée» (ce qui en période de disette budgétaire n’augure rien de favorable) et un «vous pouvez compter sur moi» lui-même à péremption potentiellement rapide vu le contexte politique.
Rachida Dati en revanche a donné des éléments de chiffrage plus tangible concernant à la fois des enveloppes renforcées pour consolider le réseau des cinémathèques en France (en particuliers Toulouse et Marseille) et l’augmentation du budget CNC pour la numérisation des œuvres sur pellicule (passant de 2,6 millions d’euros à 3,6 en 2025).
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