Investiture de Trump : qu’ont vraiment fait Zemmour, Knafo, Maréchal et Aliot lors de leur week-end à Washington ?

Investiture de Trump : qu’ont vraiment fait Zemmour, Knafo, Maréchal et Aliot lors de leur week-end à Washington ?

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Une place aux premières loges, ou un strapontin dans des soirées de seconde zone ? Quelques jours avant l’investiture de Donald Trump, de nombreux médias français (dont CheckNews) avaient établi la liste des quelques Français annoncés à Washington pour le grand week-end, place to be de la droite et de l’extrême droite mondiale. Eric Zemmour et sa compagne Sarah Knafo avaient fait savoir les premiers qu’ils avaient obtenu des invitations.

Dans plusieurs articles, les noms des deux invités de Reconquête figuraient ainsi «avantageusement» aux côtés de représentants haut placés de l’extrême droite mondiale, comme Giorgia Meloni, Javier Milei, Viktor Orbán (qui n’a pas pu venir) ou Jair Bolsonaro (qui a dû regarder la cérémonie à la télé, privé de passeport). Sont ensuite venus s’ajouter quelques autres noms, comme ceux de Marion Maréchal ou Louis Aliot. De quoi agacer le porte-parole du confidentiel Comité Trump France. Lequel a méchamment dénoncé les «affabulations» des pique-assiettes : «Aucun politique français n’a été invité par Donald Trump. Ce sont des gens qui vont à Washington, qui vont prendre des photos, qui vont chercher à se mettre en scène.»

Quand Zemmour pose avec un producteur de film X

En se basant notamment sur les photos ou vidéos que les intéressés n’ont effectivement pas manqué de diffuser, CheckNews a tenté de reconstituer leur programme washingtonien. Arrivés le vendredi 17 janvier à Washington et repartis jeudi 23 janvier, Eric Zemmour et Sarah Knafo n’étaient (sans surprise) pas au premier plan comme Javier Milei ou Giorgia Meloni, mais ont malgré tout réussi à participer à quelques soirées mondaines. D’abord, le bal des cryptomonnaies le vendredi ; puis une soirée très sélect organisée par X, Uber et le média The Free Press, le dimanche 19 janvier. Deux sources proches du couple nous indiquent leur participation au Liberty Inaugural Ball, où Trump a dansé devant ses supporters, lundi 20 janvier. CheckNews n’a pu voir aucune preuve visuelle et ne peut donc confirmer. Le binôme a également participé au meeting du dimanche 19 janvier à la Capital One Arena, au cours duquel Donald Trump a tenu un discours. Puis, le jour de l’investiture, Sarah Knafo a suivi la cérémonie depuis la Capital One Arena, d’où elle a tenu de nombreux duplex pour les chaînes de télévision françaises. Loin du raout officiel, et de manière plus périphérique, Zemmour a diffusé une vidéo où on le voit échanger en français (l’ex-candidat à la présidentielle parle mal l’anglais) avec l’historien roumano-américain et ancien conseiller de George Bush, Edward Luttwak dans sa maison de Washington. Et une autre où il figure à un dîner avec des Français de Washington (où le syndicaliste policier et ancien candidat aux législatives de Reconquête, Bruno Attal s’est montré).

Avec quelles personnalités Zemmour et Knafo ont discuté lors de ces pince-fesses, hauts lieux de réseautage ? Certaines rencontres s’avèrent cocasses. Ainsi, le 19 janvier, à la veille de l’investiture de Donald Trump, Zemmour se targue d’ avoir rencontré «des membres de sa future administration», lors d’un brunch où était présent Daniel O’Day, le PDG du laboratoire américain Gilead. Zemmour publie une vidéo le montrant en train de parler à un homme grand, porteur d’une cravate.

Il s’agit du diplomate américain Brian Hook, que Donald Trump avait nommé représentant spécial des Etats-Unis pour l’Iran de 2018 à 2020. Las, dans un message publié sur Truth Social, ce 21 janvier, Donald Trump a nommément «VIRÉ» Brian Hook, accusé de «ne pas être en phase avec notre vision de Make America Great Again». Mauvaise pioche, donc.

Dans un autre montage vidéo, Eric Zemmour, en smoking noir et nœud papillon frime d’être à la «belle soirée au Gala de X /Twitter». Le 19 janvier, le dirigeant de Reconquête se trouve effectivement à l’hôtel Riggs pour la soirée Uber- X-The Free Press, répertoriée par le New York Times comme une des fêtes où se sont rendues les élites de la tech et autres. L’ancienne Première ministre britannique Liz Truss est là, tout comme le sénateur républicain Ted Cruz, les PDG d’Uber et X (Elon Musk ne viendra pas, rapporte le New York Times) ou encore le combattant star de MMA Conor McGregor.

Sur sa vidéo promotionnelle, Zemmour ne réussit pas à s’afficher avec ces grosses pointures mais il se montre à l’aise en train de parler à son «ami» l’écrivain britannique Douglas Murray, ou à d’autres invités que nous n’avons pas pu identifier. Le polémiste français glisse même des images d’un homme qui se prend en selfie avec lui, la bouche en cul-de-poule. Il l’ignore sans doute, mais il s’agit de l’acteur et réalisateur de films porno gay, Michael Lucas.

Outre cette rencontre inattendue, Eric Zemmour a réussi à s’afficher avec l’historien et économiste Edward Luttwak, ainsi que Ken Weinstein, ancien ambassadeur au Japon de Donald Trump, mais également ancien président de l’Institut Hudson, un think tank conservateur. Le Times of Israël le désigne comme un penseur «très impliqué dans la communauté juive de la région de Washington». Ce francophile, passé par Sciences Po, a également son rond de serviette dans les médias français et allemands. Il a ainsi commenté l’inauguration de Trump cette année sur LCI. Le mardi, Ken Weinstein a ouvert les portes de l’Institut Hudson à Zemmour et Knafo, où ils ont pu échanger avec certains chercheurs, dont la Marocaine francophone, Zineb Riboua.

Cryptomonnaies et retrouvailles avec le Claremont Institute pour Knafo

Côté Sarah Knafo, le réseautage semble avoir été globalement meilleur puisqu’elle s’affiche avec le chercheur Michael Anton du Claremont Institute, un think tank conservateur qu’elle a fréquenté. Mardi 21 janvier, il a été nommé directeur de la planification politique au département d’Etat.

Autre échange important pour Sarah Knafo – seule cette fois-ci – le samedi 18 janvier : la députée européenne se fend, à travers plusieurs publications sur les réseaux sociaux, d’avoir pu déjeuner avec Michael J. Saylor, une connaissance qu’elle désigne comme un «brillant entrepreneur». Figure centrale du monde des cryptos, Saylor est fondateur et PDG de MicroStrategy, une société informatique. Il est par ailleurs l’un des plus gros détenteurs de bitcoins au monde. Après cette rencontre qui s’est déroulée au domicile de cet homme d’affaires, Saylor a publié un message sur X encourageant la France à «utiliser davantage de bitcoin».

Aussi, dans une autre vidéo publiée dimanche 19 janvier sur le compte Instagram très actif de Sarah Knafo, on peut la voir échanger dans les rues de Washington avec Petr Bystron, député européen et membre du parti allemand Alternative pour l’Allemagne (AFD). Au printemps dernier, l’élu d’extrême droite a notamment été accusé de recevoir des versements d’argent de la part de la Russie.

Une vidéo montre aussi qu’elle a pu serrer la main de Liz Truss, discuter avec Jacob Helberg, nommé sous-secrétaire d’Etat à la croissance économique, à l’énergie et à l’environnement par Trump (par qui, selon elle, le couple a été invité à Washington) et parler à Anto Patrex, qui travaille pour xAI, l’entreprise d’intelligence artificielle d’Elon Musk. Elle rigole aussi franchement avec le militaire Ivan Raiklin, une des figures qui a le plus nié la défaite de Trump en 2020.

Enfin, au lendemain de l’investiture, Sarah Knafo et Eric Zemmour posent autour d’une table avec plusieurs dirigeants du think tank conservateur Heritage Foundation, groupe à l’origine du «Project 2025», une feuille de route si radicale que Donald Trump cherche même à s’en éloigner. Sur ces différentes photos prises le 21 janvier après-midi – comme le montre l’écran de télévision derrière eux –, on peut identifier Mike Gonzalez, chercheur au sein de la Heritage Foundation et ancien rédacteur des discours de l’administration du président George W. Bush. Mike Gonzalez a notamment contribué à rédiger la feuille de route conservatrice.

Marion Maréchal, en bande organisée avec les nationalistes de l’ECR

Si le couple Zemmour-Knafo a donc réussi à accéder à certaines soirées branchées, on ne peut pas en dire autant des autres représentants politiques d’extrême droite qui ont fait le voyage. Le séjour de Marion Maréchal, eurodéputée élue sur une liste Reconquête, s’est avéré moins glamour. Arrivée le 19 janvier, elle s’est principalement affichée sur les réseaux sociaux aux côtés d’un Polonais, un Roumains et deux Italiens de la délégation du Parti des conservateurs et réformistes européens (ECR), qu’elle représente désormais comme vice-présidente.

Le premier jour, la petite troupe d’eurodéputés a réussi à prendre la pose aux côtés de Donald Trump Jr, le fils aîné du président américain. Loin des milieux tech en vue et de leurs soirées, Marion Maréchal et ses amis européens ont pu participer, le soir de l’investiture, à une soirée plus austère organisée par l’Americans for Tax Reform, un groupe de défense des contribuables qui promeut la baisse des impôts et le libre marché.

Sur les autres photos du voyage, on voit surtout le groupe rencontrer trois hommes politiques de l’Alabama, connus pour leurs positions anti-avortement ou limitant les droits des personnes LGBT, ou encore une réunion avec l’International Republican Institute, une organisation proche du parti républicain. Durant son séjour, Marion Maréchal n’a posté aucune image montrant Donald Trump. L’a-t-elle seulement vu, de près ou de loin ? Contactée par CheckNews, l’eurodéputée n’a pas donné suite.

Un voyage aussi peu fructueux en rencontres pour le RN

Du côté du RN, Louis Aliot, maire de Perpignan, a fait le déplacement dans la capitale, aux côtés du député européen Julien Sanchez (également vice-président du RN) et du député RN de l’Oise Alexandre Sabatou. Si les membres du Rassemblement national ont longtemps attendu leur carton d’invitation à ce grand raout républicain, ils ont finalement été invités au titre de leur groupe Patriotes pour l’Europe, troisième force au Parlement européen.

Dimanche 19 janvier, veille de l’investiture, Louis Aliot a partagé plusieurs vidéos au meeting de Donald Trump au Capital One Arena de Washington. L’endroit où il fallait être pour apercevoir le président américain, sur le point d’être investi, galvanisé par ses troupes. Louis Aliot l’a filmé longuement progresser dans cette salle omnisports et rejoindre la scène. Mais la place du député n’était pas un premier choix : il s’est retrouvé avec un Donald Trump vu de dos, et n’a pu l’observer via les écrans géants. Le lendemain, jour de l’investiture officielle et journée symbolique, le trio affilié au RN n’a publié aucune photo sur les réseaux sociaux. Contactés par CheckNews sur leur agenda pour cette journée symbolique, le RN, le groupe des Patriotes pour l’Europe et Louis Aliot n’ont pas donné suite.

Après cette journée semble-t-il peu chargée, Louis Aliot a repris ses publications mardi 21 janvier. Aux côtés de Julien Sanchez et Alexandre Sabatou, le député RN a profité de sa virée dans la capitale pour rencontrer l’ambassadeur de Hongrie aux Etats-Unis, Szabolcs Takács. Les trois hommes prennent également la pose devant l’ambassade de France. Le même jour, le trio s’est affiché en réunion avec des membres de la Heritage Foundation. On peut notamment identifier Mike Gonzalez, chercheur au sein du think tank, autour de la table. Le même chercheur présent à là réunion avec Sarah Knafo et Eric Zemmour, et qui aura donc fait le bonheur de l’extrême droite française. Des cartes de visite, étalées sur la table, ont visiblement été échangées. Cette réunion marque alors la fin de ce voyage express du RN au Washington, semble-t-il dénué de rencontres de membres de haut rang du camp républicain.

Libération

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