Lorsqu’il a compris qu’un accord venait d’être signé entre le Hamas et le gouvernement israélien, mercredi 15 janvier, le mari d’Alaa Shahani s’est précipité sur des pots de peinture. Vite ! Badigeonner les murs du salon de larges bandes vertes et violettes en l’honneur de son épouse bientôt retrouvée.
C’est donc dans un décor tout neuf et d’entêtantes odeurs de solvant que la femme de 37 ans reçoit, mercredi 22 janvier, trois jours après sa libération de la prison de Damon. L’établissement, situé sur le mont Carmel, près de Haïfa, accueille des détenues palestiniennes accusées d’atteinte à la sécurité nationale. Alaa Shahani y a passé six mois, sur les dix-huit que devait compter sa peine, avant d’être relâchée dans le cadre de la première phase de l’accord prévoyant l’échange de trente-trois otages israéliens contre 1 900 prisonniers palestiniens.
La cause de cette incarcération ? « Incitation à la violence », répond-elle en baissant fugitivement les paupières, son voile noir encadrant étroitement son visage juvénile.
Le 7 octobre 2023, jour de l’attaque terroriste du Hamas dans le sud d’Israël qui a conduit à la mort de 1 200 personnes et à la prise en otages de 251 autres, Alaa Shahani a profité d’une communication professionnelle pour exprimer sa joie sur Facebook. En tant que directrice du département culturel de la mairie de Beitunia, près de Ramallah (Cisjordanie), elle annonçait l’annulation d’un événement prévu le soir même, à cause de ce qu’elle appelait le « matin de la fierté et de la dignité ». Durant les jours suivants, le message a été suivi de plusieurs autres, dans la même veine, dont quelques lignes, le 10 octobre, priant « Dieu de transformer la terre en enfer sous les pieds des sionistes ».
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