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La libération s’est encore faite dans une mise en scène grandiloquente du Hamas. Avant d’être remises à la Croix-Rouge, dont le véhicule est arrivé entre deux rangées d’hommes en armes, keffieh autour du cou, bandeau vert sur le crâne, et drapeaux en pagaille, Karina Ariev, Daniella Gilboa, Naama Levy et Liri Albag, les quatre otages israéliennes libérées ce samedi, ont été présentées sur un podium de Gaza ville, un peu avant 11 heures. On les retrouve souriantes – probablement soulagées de cet épilogue interminable –, et elles ne semblent pas trop affaiblies physiquement. Elles portent une tenue kaki, censée rappeler leur appartenance à l’armée israélienne, une sorte d’accréditation autour du cou et un petit sac en kraft. Derrière elles, une affiche proclame «la victoire du peuple opprimé contre le sionisme nazi». Face à elles, une foule de Gazaouis tenus à l’écart par les pick-up des combattants, perchés sur les décombres mués en gradins.
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Comme lors du premier échange d’otages contre des prisonniers palestiniens, dimanche 19 janvier, l’objectif affiché du groupe islamiste était de montrer les muscles après s’être terré quinze mois sous terre, et quand bien même l’offensive israélienne les aura considérablement affaiblis, éliminant leurs principaux chefs, dont Yahya Sinwar, tête pensante du massacre du 7 Octobre. Faire passer pour une «victoire» ce qui fut pourtant la destruction de l’enclave palestinienne sous les bombes israéliennes, et une crise humanitaire sans précédent pour des civils palestiniens pris au piège des combats de leurs supposés leaders.
Nouvelles libérations attendues
Après 477 jours de détention, à subir elles aussi le fracas de la guerre, les quatre jeunes femmes libérées ce samedi, âgées de 19 à 20 ans, vont pouvoir enfin retrouver leurs proches. Prises en charge par le véhicule blanc de la Croix-Rouge, elles ont ensuite été remises à l’armée et doivent être conduites à l’hôpital Beilinson, dans le centre d’Israël, pour ces retrouvailles tant attendues, et surtout une prise en charge médicale et psychologique complète. En contrepartie, Israël s’est engagé à libérer dans la journée 200 prisonniers palestiniens – dont le Palestinien détenu le plus longtemps sans interruption selon le Club des prisonniers. Cette liste de prisonniers, dont certains seront ramenés à Gaza et d’autres en Cisjordanie occupée, comprend 120 condamnés à la réclusion à perpétuité, parmi lesquels 70 doivent être exilés hors des Territoires palestiniens.
Au-delà de la parade des islamistes à Gaza, ce nouvel échange se fait donc sans accroc majeur, preuve que la trêve annoncée le 15 janvier dernier au Qatar entre Israël et le Hamas est globalement bien respectée. Outre les échanges, elle a permis de faire entrer chaque jour entre 600 et 900 camions d’aide humanitaire, et permis aux civils palestiniens de circuler dans l’enclave, notamment de retrouver le nord très largement détruit de Gaza, longtemps resté la cible principale des opérations de Tsahal. Dans la première phase qui doit encore durer cinq semaines, 26 otages vont encore être libérés contre environ 1 600 détenus dans les prisons israéliennes. Tous les noms des Israéliens ont été communiqués par le Hamas, sans qu’aucun ordre chronologique ne soit défini. Les familles des otages, qui ne savent pas si leurs proches sont morts ou vivants, restent donc à la merci des annonces, chaque semaine, de l’organisation islamiste. Les prochaines libérations doivent intervenir chaque semaine, concerner trois otages à chaque fois puis 14 le dernier jour.
Menace
La suite reste encore assez floue. A partir de la fin de la semaine prochaine, les médiateurs qataris, égyptiens et américains doivent se retrouver pour permettre la reprise des discussions entre Israël et le Hamas. L’idée étant de trouver un accord pour les deux phases qui doivent suivre. La deuxième doit permettre le retour de l’ensemble des otages vivants et le retrait des forces de Tsahal, et la troisième voir le retour de ceux qui sont morts, ainsi que le début de la reconstruction de Gaza sous l’égide du Qatar, de l’Egypte et des Nations unies. Avant la trêve, il restait encore 97 otages selon un décompte de Checknews, dont 34 officiellement reconnus morts.
Sous pression de l’extrême droite israélienne qui l’a porté au pouvoir, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou pourrait être tenté de reprendre la guerre à Gaza contre le Hamas. Il est déjà engagé, ces jours-ci, dans une opération «contre le terrorisme palestinien» particulièrement sanglante dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie. Preuve que les plus radicaux de ses ministres, qui ont pourtant échoué à faire capoter l’accord de trêve, gardent une influence majeure sur sa politique.
Par ailleurs, Israël a sommé vendredi l’Unrwa, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens qu’elle accuse d’être infiltrée par le Hamas, de cesser ses opérations à Jérusalem. Depuis des semaines, une série de lois ont été passées dans l’Etat hébreu contre cette agence pour limiter voire empêcher ses activités à Gaza et en Cisjordanie. Pour Philippe Lazzarini, patron de l’Unrwa, cette décision risque de «saboter le cessez-le-feu à Gaza, anéantissant une nouvelle fois les espoirs de ceux qui ont traversé des souffrances indicibles».
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