Prix du pétrole : Trump reprend sa critique de l’Opep là où il l’avait laissée

Prix du pétrole : Trump reprend sa critique de l’Opep là où il l’avait laissée

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Revenu à la Maison Blanche depuis cinq jours à peine, Donald Trump semble en permanence vouloir tester l’étendue de son pouvoir, sur son pays comme sur le reste du monde. Invité de marque au Forum économique mondial de Davos, jeudi, le 47e président des Etats-Unis a, en visioconférence depuis Washington, exhorté l’Arabie saoudite et l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep), dont Riyad est de facto chef de file, à faire baisser les cours mondiaux du pétrole. «Franchement, je suis surpris qu’ils ne l’aient pas fait avant l’élection», a-t-il ajouté.

«Pragmatique»

Pour Trump, les prix «élevés» du pétrole sont responsables de plusieurs maux, notamment celui de contribuer à soutenir la machine de guerre de Vladimir Poutine. «A l’heure actuelle, le prix [du pétrole] est suffisamment élevé pour que la guerre se poursuive», a-t-il avancé, faisant référence à l’invasion massive de l’Ukraine par Moscou. L’économie russe dépend en effet fortement de ses exportations pétrolières. Les prix élevés de l’énergie, depuis le déclenchement de son offensive en février 2022, ont contribué au financement de la guerre en Ukraine, malgré l’empilement des sanctions occidentales pour réduire ses revenus tirés de la vente de ses hydrocarbures. «Il faut faire baisser le prix du pétrole, cela mettra fin à la guerre», a insisté Donald Trump.

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Le conflit en Ukraine «ne dépend pas des prix du pétrole», mais «découle d’une menace pour la sécurité nationale russe», a répondu le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov. Vantant le caractère «pragmatique» et «intelligent» de Donald Trump, Vladimir Poutine a déclaré, au cours d’une interview télévisée vendredi, qu’il était prêt à discuter avec lui de «questions énergétiques» lors d’une prochaine rencontre. «Je doute que M. Trump – même si nous entendons parler de la possibilité de sanctions supplémentaires contre la Russie – prenne des décisions qui pourraient nuire à l’économie américaine», a-t-il estimé, rappelant que les fluctuations des prix des matières premières avaient un impact sur les deux économies.

Efforts coordonnés

Comme tout produit de base, le prix du pétrole est déterminé en fonction de l’offre mondiale – la quantité de brut extraite par les compagnies pétrolières –, et de la demande – la quantité voulue par les raffineurs, qui vont transformer le brut en carburant ou en matière première pour l’industrie pétrochimique. En augmentant la production, les prix du pétrole pourraient baisser, entraînant théoriquement avec eux une réduction de la capacité de la Russie à financer la guerre en Ukraine. Mais la mise en œuvre d’une telle stratégie nécessiterait des efforts coordonnés à l’échelle mondiale. D’autant que la Russie est un membre clé de l’alliance Opep +, qui comprend les douze pays membres du cartel pétrolier, auxquels s’ajoutent depuis 2016, dans le but de stabiliser les prix du pétrole, dix pays associés menés par Moscou.

Depuis plus de deux ans, l’Opep et ses alliés retiennent au contraire leurs exportations de pétrole pour soutenir les prix. Et devant la faible demande mondiale, notamment chinoise, et l’abondance d’or noir venu des Amériques, ils ont plusieurs fois reporté la reprise de leur production en acceptant des réductions volontaires. Les pays producteurs de brut devraient retrouver progressivement leurs quotas à partir d’avril, pour un retour à la normale fixé à fin 2026. «Je ne m’attends pas à ce que l’Opep + modifie ce programme sur la base de la demande de Trump, à un moment où les prix du pétrole ne sont pas particulièrement élevés, en dessous de 80 dollars le baril (76 euros), affirme Nader Itayim, spécialiste des hydrocarbures pour l’agence Argus Media, spécialisée dans l’énergie et les matières premières. L’Opep et l’Opep + feront d’abord ce qui leur est profitable. Et s’il s’avère que cela profite également aux Etats-Unis, qu’il en soit ainsi.»

L’expert, basé à Dubaï, rappelle que Trump a souvent critiqué l’Opep lors de son premier mandat, et s’attend à ce qu’il fasse de même pour les années qui viennent. «Chaque fois que les prix à la pompe devenaient un problème aux Etats-Unis, il s’en prenait à l’Opep et rejetait la responsabilité sur les Saoudiens ou sur le cartel en général», souligne-t-il.

«Arme à double tranchant»

Alors que les Etats-Unis sont déjà le premier producteur de brut au monde, le président nouvellement investi entend accroître la production de pétrole et de gaz pour «remplir les réserves stratégiques» et «exporter l’énergie américaine dans le monde entier», a-t-il annoncé lors de son discours d’investiture, lundi 20 janvier. Trump s’est également engagé à faire baisser les prix à la pompe pour les consommateurs américains, à grand renfort «d’état d’urgence énergétique» et de dérégulations environnementales pour intensifier les forages et les autoriser dans des zones jusqu’ici protégées.

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«Baisser les prix à la pompe est une bonne chose pour le consommateur américain, note Nader Itayim. Mais si les prix baissent trop, c’est l’industrie pétrolière américaine qui va souffrir. C’est une arme à double tranchant.» Pour que les majors américaines augmentent encore leur production, au-delà de leurs niveaux records actuels, encore faut-il, en effet, que l’investissement soit rentable pour elles. Le boom du gaz et du pétrole de schiste des années 2010 avait entraîné une surabondance de l’offre. Devant la montée en puissance des Etats-Unis, l’Arabie saoudite avait riposté en inondant le marché, faisant chuter en 2016 le West Texas Intermediate, principale référence américaine, en dessous de 30 dollars le baril (28,50 euros). De nombreuses entreprises américaines, lourdement endettées en raison d’opérations de forage très coûteuses, d’une expansion agressive et face à des prix si bas, avaient alors dû mettre la clé sous la porte.

Libération

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