En 2021, une étude sur le soutien au pétainisme des anciens combattants français a ravivé la querelle entre économistes et historiens.
Les économistes pensaient avoir créé un modèle statistique pertinent pour mesurer la politisation des soldats de 14-18 et comprendre les bases sociales du pétainisme. Les historiens ont vivement réagi, soulignant les erreurs méthodologiques et interprétatives : insuffisances bibliographiques, illusion statistique, absence de prise en compte des acteurs.
Surtout, ils ont mis en garde contre les dangers de la montée en généralité, jugée non seulement erronée dans ce cas, mais aussi peu respectueuse de décennies de recherches historiques.
Aux États-Unis, l’histoire du capitalisme connaît un franc succès depuis une quinzaine d’années. Les historiens ont travaillé sur la prise de risque, le crédit, la financiarisation et la dette, s’attachant à « dénaturaliser » le capitalisme pour le comprendre.
Étonnamment, le dialogue avec les économistes a été inexistant, ces derniers s’interrogeant souvent sur le refus de définir les concepts utilisés, notamment celui de capitalisme.
Les rapports entre ces deux disciplines sont parfois conflictuels, surtout lorsque les économistes s’aventurent vers des objets non économiques qu’ils interprètent avec leurs méthodologies, ou que les historiens les ignorent volontairement.
Généralisation scientifique
La principale ligne de partage entre les deux disciplines réside dans la question de la généralisation. À quel moment est-il possible de monter en généralité à partir de données empiriques ?
Les historiens valorisent l’étude de cas particuliers, tandis que les économistes privilégient les modèles statistiques et les tests empiriques. Cette différence d’approche reflète leur évolution en termes de validation scientifique et d’autorité professionnelle.
Leave a Comment