RDC : la ville de Goma en passe de tomber aux mains des rebelles du M23 et de soldats rwandais

RDC : la ville de Goma en passe de tomber aux mains des rebelles du M23 et de soldats rwandais

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Goma, principale ville de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), s’est réveillée ce lundi 27 janvier en plein chaos. Des tirs d’artillerie lourde ont été entendus dans le centre de la ville, située sur les rives du lac Kivu, après l’arrivée la veille au soir de combattants du groupe armé antigouvernemental M23 et de militaires rwandais, qui soutiennent la rébellion.

Les combattants du M23 («Mouvement du 23 mars») et plus de 3 500 soldats rwandais ont pénétré dimanche dans Goma qu’ils assiégeaient depuis plusieurs jours. En début de soirée, des rafales ont résonné dans les rues. Puis quelques tirs sporadiques dans la nuit. Avant la reprise des échanges ce matin.

L’entrée dans la capitale de la province du Nord-Kivu, située à la frontière rwandaise et qui compte un million d’habitants et autant de déplacés, ponctue plusieurs semaines d’avancée des soldats rwandais et des combattants du M23 face à une armée congolaise débordée. «Goma s’apprête à tomber», a déploré ce lundi dans la matinée le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, en condamnant fermement cette offensive militaire.

Quel est ce conflit ?

La RDC accuse le Rwanda de vouloir faire main basse sur les richesses de l’est congolais, ce que Kigali dément. Les combats, doublés d’une escalade diplomatique entre la RDC et le Rwanda, résultent d’un conflit en cours depuis plus de trois ans.

Kinshasa a accusé le Rwanda de lui avoir «déclaré la guerre» en envoyant ce week-end de nouvelles troupes. Kigali a répliqué dans la soirée conserver une «posture défensive durable» au vu des combats représentant «une menace sérieuse à la sécurité du Rwanda», selon son ministère des Affaires étrangères.

Quelle est la situation actuellement ?

Signe du chaos régnant à Goma, la prison, qui comptait environ 3 000 détenus, a été «totalement incendiée» à la suite d’une «évasion massive» qui a causé des «morts», a précisé une source sécuritaire, sans donner de bilan à ce stade. Des prisonniers en fuite ont été aperçus dans les rues alentour.

Des bus ont été affrétés ce lundi à la frontière rwandaise avec l’est de la RDC, prêts à évacuer vers Kigali des personnels de l’ONU et leurs familles venant de Goma, a annoncé la radiotélévision nationale rwandaise RBA, alors que la frontière avec le Rwanda a été fermée lundi matin à Goma. «Personne n’entre, personne ne sort, à part quelques personnels de l’ONU et leur famille évacués ce matin», précise un travailleur humanitaire présent au principal point de passage entre la RDC et le Rwanda.

Quelques unités de l’armée congolaise ont commencé à se rendre en remettant leurs armes à des Casques bleus à Goma, a affirmé dans un communiqué l’armée uruguayenne, qui fournit des soldats à la force de la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (Monusco) engagée aux côtés des forces congolaises contre le M23.

Le Rwanda a indiqué avoir «évacué» vendredi son dernier diplomate à Kinshasa. La RDC avait de son côté annoncé samedi rappeler ses diplomates à Kigali «avec effet immédiat».

Comment a réagi la communauté internationale ?

Le président kényan William Ruto a annoncé réunir «dans les prochaines 48 heures» un sommet extraordinaire de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est en présence des présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame.

Après une réunion d’urgence, le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné dimanche soir le «mépris éhonté» de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC. Il a réclamé le retrait des «forces extérieures» sans les nommer explicitement. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a d’ailleurs clairement mis en cause Kigali en appelant «les Forces rwandaises de défense à cesser de soutenir le M23 et à se retirer du territoire de la RDC».

Alors que de plus en plus de pays accusent le Rwanda, la ministre congolaise des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner a, pendant le Conseil, réclamé «des sanctions ciblées» contre les dirigeants militaires et politiques rwandais ainsi qu’un «embargo total sur les exportations de tous les minerais étiquetés comme rwandais».

Les Etats-Unis se sont déclarés prêts à employer «tous les outils» disponibles contre ceux qui alimentent le conflit, tandis que l’Union européenne a appelé le M23 à «arrêter son avancée» et le Rwanda à «se retirer immédiatement». L’Union africaine a réclamé «la stricte observation du cessez-le-feu convenu entre les parties» fin juillet.

Les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont appelé leurs ressortissants à quitter Goma tant que l’aéroport et les frontières sont ouverts.

Quel est le bilan de ce conflit ?

Treize soldats sud-africains, malawites et uruguayen, déployés au sein de la force régionale d’Afrique australe et la Monusco ont été tués dans des combats contre le M23 ces derniers jours, selon les autorités des trois pays.

Les dernières violences ont encore aggravé une crise humanitaire chronique dans la région. Selon l’ONU, 400 000 personnes ont été déplacées par les combats depuis début janvier.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estimait, dans un rapport publié en octobre 2023, à 7 millions le nombre de déplacés en RDC dont 1 millions «dans la seule province orientale du Nord-Kivu» «en raison du conflit en cours avec le groupe rebelle M23».

Libération

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