Polémique sur la «submersion» migratoire: les socialistes posent leurs conditions pour reprendre les négociations sur le budget, le gouvernement dénonce une «prise d’otage»

Polémique sur la «submersion» migratoire: les socialistes posent leurs conditions pour reprendre les négociations sur le budget, le gouvernement dénonce une «prise d’otage»

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La tension monte au Parlement à la veille de la Commission mixte paritaire entre députés et sénateurs chargés de trouver un compromis entre les partis sur le budget 2025. Ce mercredi, après la suspension des négociations entre le PS et le gouvernement en raison de l’emploi des termes «submersion» migratoire par le Premier ministre, des responsables socialistes ont indiqué qu’ils étaient prêts à reprendre les discussions à deux conditions. Un : que François Bayrou fasse amende honorable sur l’emploi du terme «submersion». Deux : qu’il ne touche pas à l’Aide Médicale d’Etat.

Le billet de Thomas Legrand

Le Premier ministre «a déraillé hier et nous l’appelons au sursaut», a déclaré sur Sud Radio le député Philippe Brun qui siège au sein de la commission mixte paritaire (CMP). Le Parti socialiste a annulé une réunion mardi avec le gouvernement après les propos de François Bayrou sur le «sentiment de submersion» migratoire qui serait répandu en France. «L’intérêt du pays, c’est que le Premier ministre retire ces mots qui blessent inutilement», a affirmé Philippe Brun car «notre responsabilité, c’est de se mettre autour de la table et de négocier un budget».

A cela, la maire de Nantes Johanna Rolland a ajouté une autre condition sur Public Sénat : que François Bayrou dise «qu’il ne va pas toucher à l’aide médicale d’Etat (AME)» pour les étrangers en situation irrégulière. Celle-ci permet aux immigrés sans titre de séjour régulier de se faire soigner et son budget a été diminué de 200 millions d’euros par le Sénat à majorité de droite.

A la sortie du conseil des ministres ce mercredi, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a appelé les socialistes à ne pas prendre en «otage» les discussions en cours sur le budget. «Les négociations sont en cours. Les membres de la commission mixte paritaire (CMP, où siègent sept députés et sept sénateurs, ndlr) sont en train de discuter et nous souhaitons qu’il n’y ait aucune prise d’otage de quelque nature que ce soit sur le budget», a déclaré Sophie Primas. «Les Français ne comprennent pas cette bataille de mots», a-t-elle ajouté.

Le Premier ministre n’a cependant «pas prévu (…) de s’exprimer sur ce qui lui est reproché. Il laisse aujourd’hui les partis travailler sur le budget», a ajouté la représentante du gouvernement. «La priorité pour lui, pour nous, le gouvernement, c’est le budget», même si François Bayrou a «parlé de la politique migratoire» en Conseil des ministres, a précisé Sophie Primas. La porte-parole a noté que le député PS Philippe Brun, qui siège à la CMP, a «dit (…) qu’il s’agirait d’un cataclysme si jamais nous n’adoptions pas ce budget». «Donc en responsabilité, tout le monde continue de négocier».

En matière d’immigration, elle a assuré que «des actes (…) sont en cours et les actes législatifs suivront». «Nous n’avons pas attendu cette séquence pour être en marche». «Il faut sortir des anathèmes, il faut travailler sur ce que les Français souhaitent, c’est-à-dire une maîtrise des flux migratoires», selon elle.

En toile de fond de ces discussions, la possible censure du gouvernement par le PS en cas de recours au 49.3 sur le budget la semaine prochaine. Une option à laquelle Johanna Rolland a appelé les socialistes à «fermement réfléchir».

Mais l’AME pourrait être aussi un prétexte de censure côté RN. Le vice-président du RN Sébastien Chenu a ainsi appelé sur franceinfo François Bayrou à s’attaquer «au coût de l’immigration», en ciblant directement le coût du budget de l’Etat.

Si le Premier ministre revient sur ces propos, Philippe Brun s’est dit favorable à la reprise de ces négociations car «on a besoin d’un budget pour la France» et ce serait «cataclysmique pour le pays» de ne pas en avoir.

Parmi les revendications des socialistes négociées avec le gouvernement, il y a «une augmentation du Smic immédiate», a-t-il révélé. «On est encore en train de négocier des modalités, mais ça fait partie des choses que nous demandons», a-t-il dit. Autre sujet en discussion avec le gouvernement, une «hausse de la prime d’activité», qui est versée en complément des bas salaires.

Les socialistes demandent aussi le «rétablissement des crédits du Fonds vert», qui finance notamment les collectivités locales pour la transition écologique. Côté recettes fiscales, il a laissé également entendre que le gouvernement pourrait accepter de surtaxer les profits des grands groupes pour deux ans au lieu d’un an. Une hausse plus importante que prévu de la taxe sur les transactions financières est également sur la table, a-t-il dit.

Libération

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