A Chypre, la bataille fiscale très optimisée des yachts de Roman Abramovich

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C’est une nouvelle bonne pioche dans le dossier «Cyprus Confidential», ouvert en 2023 par le Consortium international des journalistes d’investigation, déjà à l’origine des «Panama Papers» et «LuxLeaks», entre autres. Des journalistes anglais de la BBC et du Guardian, réunis dans le cadre du Bureau of Investigative Journalism, ont exploité dans ce dossier une série de documents financiers concernant l’île méditerranéenne de Chypre, qui pour être membre de l’UE n’en est pas moins spécialisée dans l’optimisation fiscale.

Dans leurs révélations publiées mardi 28 janvier, il est principalement question de yachting de luxe. Avec pour amiral en chef Roman Abramovich, oligarque russe richissime depuis qu’il a vendu, en 2005, son groupe Sibneft à Gazprom pour 13 milliards de dollars. Il réside depuis à Londres, où il s’est offert le club de foot de Chelsea. Il est également à la tête d’une véritable flotte de navires de luxe, dont l’Eclipse, 162 mètres de long, plus grand yacht du monde à son inauguration. A bord, tout le nécessaire : deux héliports, une piscine, un cinéma, une boîte de nuit… L’oligarque y reçoit des proches triés sur le volet, producteurs de cinéma américains comme joueurs de foot. Des agapes parfois animées par un concert privé, comme le soir de Noël 2011 avec la venue des Red Hot Chili Peppers, cachetonnés un million de dollars pour un set de soixante-quinze minutes.

Mais Roman Abramovich loue surtout sa flottille, via une société immatriculée à Chypre, Blue Ocean Yacht Management, avec un étage intermédiaire aux îles Vierges britannique. Le but de la manœuvre est clairement expliqué dans un mémo interne rédigé par un des fiscalistes maison : «Nous voulons éviter de payer la TVA sur le prix d’achat des yachts et, dans la mesure du possible, sur les biens et services fournis aux yachts.» Car un plein de carburant sur ces monstres de mers peut coûter deux millions de dollars, soit une TVA potentielle de 300 000 à 400 000 dollars par ravitaillement.

Or les locataires des navires n’étaient parfois autres que des sociétés offshore contrôlées par Abramovich himself. Le Bureau of Investigative Journalism indique que le petit jeu a duré de 2005 à 2012, sans préciser pourquoi ni comment il a pris fin. Un avocat fiscaliste du groupe affirme qu’il a toujours respecté la réglementation fiscale : la frontière entre optimisation et fraude étant des plus ténues, il semble avoir été jugé plus sage d’arrêter de jouer avec le feu.

Libération

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