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En France, un tiers des étudiants sautent des repas faute d’argent. Un chiffre sorti du baromètre annuel 2024 de l’Ifop pour l’association Cop1, publié en octobre. Alors que la précarité étudiante a explosé lors de la pandémie, les difficultés sont toujours aussi grandes cinq ans plus tard. Le gouvernement a répondu en lançant, à compter de ce samedi 1er février, un nouveau dispositif : des cartes prépayées, destinées aux étudiants éloignés des restaurants universitaires.
Un dispositif vivement critiqué par les syndicats étudiants pour son insuffisance. L’aide s’élève à 40 euros par mois pour les boursiers, et 20 euros pour les non-boursiers, avec une majoration de 10 euros dans les territoires ultramarins.
Un montant «indécent» qui couvre ainsi «moins d’1 euro par jour» pour les non-boursiers et «moins de 2 euros» par jour pour les boursiers, taclait la Fédération des associations générales étudiantes (Fage) dans un communiqué publié dès novembre. «Patrick Hetzel [ministre de l’Enseignement supérieur sous Barnier, ndlr] a annoncé ces mesures sans concertation des étudiantEs, qui ne demandent pourtant qu’à être entenduEs sur le sujet, écrit la fédération. En l’absence d’écoute […], ces mesures ne permettent évidemment pas de répondre aux problématiques visées par la loi Levi.»
Concrètement, le lancement de cette aide, annoncée le 25 novembre par le ministère de l’Enseignement supérieur, fait suite à la loi Levi du 13 avril 2023. Le texte stipule que «dans chaque territoire, les étudiants peuvent bénéficier d’une offre de restauration à tarif modéré à proximité de leur lieu d’études». Et prévoit que dans les «zones blanches», éloignées de toute offre de restauration à tarif modéré donc, les étudiants puissent bénéficier d’une «aide financière».
Les cartes prépayées sont censées concerner 100 000 étudiants pour un coût de 38 millions d’euros en 2025, selon le ministère de l’Enseignement supérieur. Elles pourront être utilisées dans les commerces d’alimentation. Seuls les étudiants éligibles au repas à 1 euro (les boursiers et non-boursiers justifiant de leur précarité via une évaluation sociale) auront droit à cette aide. A condition qu’ils vivent dans une zone où l’offre de restauration à tarif modéré se situe à plus de vingt minutes à pied ou en transport en commun.
Une mesure fustigée par les organisations de jeunesse : «Plus de 100 000 étudiant·es, souvent ruraux·ales et fortement précarisé·es n’ont pas accès à une alimentation à coût social, complète et équilibrée. La solution du gouvernement pour y pallier ? Des chèques même pas équivalents à 1€/jour pour se nourrir en supermarché… Indécent», écrivait sur BlueSky l’Union étudiante, premier syndicat étudiant de France, au lendemain de l’annonce du dispositif.
Témoignages
Même discours du côté de la Fage, qui déplore un montant «dérisoire face à la réalité de la pauvreté étudiante aujourd’hui». Dans un communiqué, le syndicat appelle plutôt à «développer la restauration Crous ou des conventionnements avec des lieux de restauration» sur les campus concernés par le manque d’offres.
En 2020, en réponse à la crise sanitaire, le gouvernement avait permis à tous les étudiants sans conditions de pouvoir manger pour 1 euro dans les restos U. Mais, depuis la rentrée 2021, ce tarif est réservé aux étudiants boursiers ou «en situation de grande précarité». Au cours de l’année universitaire 2023-2024, 483 000 étudiants boursiers et 43 000 étudiants non boursiers ont ainsi bénéficié du tarif à 1 euro, soit 13,2 % de plus qu’entre 2022 et 2023.
Les organisations de jeunesse appellent de longue date à restaurer l’accès au repas à 1 euro pour tous face à l’ampleur de la crise. Plusieurs études à l’image de celle de l’Ifop ont pointé l’augmentation de la pauvreté chez les jeunes. Si l’Assemblée nationale a approuvé à une écrasante majorité jeudi 23 janvier une proposition de loi socialiste visant à restaurer l’accès au repas à 1 euro pour tous, la navette parlementaire n’a pas encore fini son chemin. La majorité des macronistes s’est abstenue, malgré leurs réticences.
Sur BlueSky, la Fage rappelle que «ce premier pas essentiel est une réponse à l’urgence de la situation». Et appelle à ce qu’il soit «suivi par une réforme du système de bourses», fer de lance des syndicats étudiants depuis des années.
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