«Playing/Praying» du duo electro Kompromat : prières païennes

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Il y a une forme d’évidence dans l’association entre Vitalic et Rebeka Warrior. L’alchimie entre ces deux figures de la scène électronique et queer française, revendiquant de vivre et de créer comme elles l’entendent sans se laisser emmerder, est manifeste. Bref, ces deux-là se sont trouvés et le public les a immédiatement reconnus et suivis. Résultat, ce qui était sans doute une récréation pour deux fortes personnalités bien occupées par leur riche carrière respective connaît aujourd’hui une suite qui n’a rien d’un remake. Si on en croit le succès de leur tournée, annoncée avant même la sortie de ce deuxième disque, ils étaient attendus.

Revendiquant l’influence de la techno berlinoise et de la légende de la musique industrielle Einstürzende Neubauten, Traum und Existenz, leur premier album sorti en 2019, était essentiellement chanté en allemand avec quelque chose de très martial, même si le romantisme «cuir» de DAF, une autre légende noire de la scène germanique des années 80, également très présente, venait en adoucir la dimension abrupte. Si les influences sont peu ou prou les mêmes, on ne retrouve pas l’impression d’exercice de style que donnait parfois Traum und Existenz. Tout aussi vénéneux, mais moins «rigide», PLAYING /PRAYING, repose moins sur de spectaculaires constructions rythmiques que sur les mélodies, la voix et les textes de Rebeka Warrior, parfois accompagnée par ses copines Vimala Pons, Rahim Redcar, Farah ou Sonia DeVille. Si Kompromat reste très «sexe, drogue et techno», l’amour prend cette fois une place prépondérante dans un album brûlant de passion. La grandiloquence des sentiments et le kitsch assumé de leur expression, une des marques de l’écriture de Rebeka Warrior, entrent en réaction avec la ferveur des synthétiseurs et la sensualité brute des puissantes basses signée Vitalic pour un maximum d’émotion. Une grande réussite.

Moins célèbre que Kraftwerk, moins intello que CAN, le duo allemand Deutsch-Amerikanische Freundschaft est en revanche plus décadent, vénéneux et envoûtant. La new wave en version foutre, sueur et cuir.

Typique de l’emphase des années 80, la pop synthétique de ce groupe espagnol qui connut un énorme succès européen, a marqué une génération au-delà de son très kitsch tube lesbien, Une femme avec une femme.

Si on admet que ce nouveau Kompromat est la rencontre entre Mekano et DAF, il manque alors à l’équation le style electro techno et l’amour du dancefloor. Rajoutons donc une pincée de DJ Hell avec son disque le plus ambitieux et réussi.

Libération

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