Une scène qui ne ferait pas tâche dans un film d’Olivier Marchal, Romain Gavras ou de Cédric Jimenez. Ce mercredi, une vidéo montrant deux policiers qui interpellaient un homme soupçonné de dealer à la cité de la Castellane, dans les quartiers Nord de Marseille, se faire violenter par des individus qui parvenaient à libérer leur complice a circulé sur les réseaux.
Les deux agents ont été blessés, une enquête a été ouverte et deux interpellations ont eu lieu, sans que l’on sache pour l’heure si celles-ci sont en lien avec cette agression. 20 Minutes fait le point sur ce que l’on sait de cette affaire.
Ce que l’on voit sur la vidéo
La vidéo qui circule propose une séquence de douze secondes. Elle a été authentifiée. Elle commence par une situation où l’on voit deux policiers engagés dans une mêlée au sol avec un suspect qu’ils tentaient d’interpeller. Deux autres individus sont à proximité immédiate et ne semblent pas intervenir.
L’un d’eux, encapuchonné, se baisse pour ramasser ce qui paraît être le téléphone portable de l’interpellé. Rapidement trois autres personnes entrent dans le champ de la vidéo. L’un d’eux pousse un des agents et un autre porte un violent coup de pied dans la tête du second policier. Le suspect parvient alors à se libérer de l’étreinte et s’échappe en évitant une balayette.
Ce que la vidéo ne montre pas
Cette courte séquence vidéo ne dit pas tout de la violence de cet épisode. De source policière, les fonctionnaires de police ont en plus des coups également essuyé des jets de projectiles, des pierres et des bouteilles.
Les deux policiers sont membres de la BST (brigades spécialisées de terrain). Leur intervention s’effectuait dans le cadre de leur travail quotidien de surveillance des points de deal de Marseille, mais sans l’appuie des CRS, qui mènent des opérations quotidiennes de harcèlement des réseaux de trafic de drogue dans ce qu’on appelle « le pilonnage ». Une stratégie amplifiée ces six derniers mois avec notamment l’arrivée de la CRS 81, et rebaptisée « opérations place nette » dont la première mouture avait eu lieu en mars dernier à la Castellane justement, en présence d’Emmanuel Macron et de plusieurs de ses ministres d’alors.
Comment vont les agents ?
La vidéo diffusée sur les réseaux se termine par une photo d’un des agents qui présente un écoulement de sang sous son œil gauche. Rudy Manna, porte-parole national du syndicat Alliance Police, indique à 20 Minutes qu’il souffre entre autres d’une double fracture au visage.
Ces scènes sont-elles fréquentes à Marseille ?
« Ce n’est pas régulier, mais ce sont des choses qui sont déjà arrivées », précise Rudy Manna. Pour le policier syndicaliste, cette réaction violente à l’interpellation d’un « simple » charbonneur (vendeur dont le rôle consiste à servir les clients) est un des effets de la politique de harcèlement des points de deal marseillais, et particulièrement celui de la Castellane, idéalement située à l’ouest de la ville en bordure d’autoroute, qui fait l’objet d’opérations de police quotidiennes, ou presque, expliquait à 20 Minutes la préfecture de police.
« Ça les [les trafiquants] rend fou », estime Rudy Manna, selon qui l’étreinte policière autour de cette cité commençait tout juste à se desserrer. « Ils ont donc essayé de se réinstaller, et se font tomber dessus immédiatement. Alors, ils se sont réorganisés, notamment avec des livraisons, mais cela rapporte beaucoup moins », observe-t-il.
Où en est l’enquête ?
Une enquête pour coups et blessures sur personnes dépositaires de l’autorité publique a été ouverte, a indiqué ce dimanche le parquet de Marseille qui précisait qu’aucune interpellation n’avait eu lieu pour l’heure.
De source policière, deux interpellations ont eu lieu ce dimanche à la Castellane, sans savoir pour l’heure si elles sont en lien avec cette affaire. Contacté ce lundi, le procureur de la République ne donnait pas suite à nos demandes de précision.
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