François Bayrou pose son double 49.3, les socialistes mis en joue par LFI

François Bayrou pose son double 49.3, les socialistes mis en joue par LFI

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François Bayrou ne lésine ni sur l’emphase, ni sur les 49.3. «Nous voici à l’heure de vérité. Nous voici même à la semaine de vérité et de responsabilité», s’emballe le Premier ministre en engageant la responsabilité de son gouvernement lundi après-midi sur le projet de loi de finances (PLF) pour 2025. Avant d’en faire de même trois quarts d’heure plus tard pour son projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Le tout sous la bronca des députés de La France insoumise qui, tout aussi théâtraux que le centriste, protestent à chaque fois en quittant l’hémicycle. Les deux motions de censure déposées par le groupe présidé par Mathilde Panot, «avec nombre de députés du groupe GDR et du groupe écologistes», selon elle, devraient être discutées mercredi. Si le gouvernement Bayrou survit à ces votes, le Béarnais devrait conclure sa «semaine de vérité» avec deux autres 49.3 pour faire adopter sans vote les autres volets du PLFSS.

Une certaine allégresse s’est emparée des soutiens du Premier ministre en apprenant en début d’après-midi la décision du bureau national du PS de ne pas voter les motions de censure des insoumis. «C’est un encouragement», réagit le député Modem Erwan Balanant. «Ça valide ce que je pense depuis le mois de septembre. Il faut négocier avec le PS, de manière claire et en amont», se réjouit le député Ensemble pour la République David Amiel. «On va pouvoir parler d’autre chose. Enfin !» renchérit sa collègue Prisca Thevenot. Tous gardent une certaine prudence malgré tout. Les 124 députés RN ne donneront leur position que mercredi en début d’après-midi. Si les troupes de Marine Le Pen et les 16 députés d’Eric Ciotti décident de voter la motion des insoumis et de leurs alliés, il suffirait qu’une vingtaine des 66 députés socialistes bravent la consigne du parti pour faire tomber l’équipe Bayrou. Le 16 janvier, ils étaient 8 à voter la motion de censure défendue par les insoumis après la déclaration de politique générale du Palois. «J’espère qu’ils seront plus nombreux cette fois-ci, mise le député LFI Aurélien Le Coq. S’il y a encore des gens qui se prétendent socialistes, il faut qu’ils votent la censure.»

A la tribune, le président LFI de la commission des finances, Eric Coquerel, s’est employé à réfuter les arguments du gouvernement, et parfois des socialistes, justifiant la nécessité d’adopter rapidement un budget : «On connaît la chanson. Déjà, pour éviter la première censure, on nous annonçait que les cartes vitales ne fonctionneraient plus et que les fonctionnaires ne seraient plus payés. C’était un mensonge.» Coquerel rappelle les bonnes performances de l’Espagne, depuis deux ans sans budget. Il ajoute avoir trouvé avec le rapporteur général du budget, Charles de Courson, un moyen d’indexer le barème de l’impôt sur le revenu, même sans vote d’un budget. Bataille de récits. Dans les couloirs de l’Assemblée, les socialistes expliquent avoir été sensibles aux injonctions des élus et acteurs locaux. «Toute une série de dotations n’arrivent plus dans les territoires et les associations, fait valoir le député PS Laurent Baumel. C’est la culture de la responsabilité du PS de se confronter à ces problèmes. Peut-être que certains l’ont moins.»

Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon expulse le PS du Nouveau Front populaire, «réduit d’un parti». «Le vote de non-censure par le PS consomme son ralliement au gouvernement Bayrou. Pour l’instant sans participation», grince-t-il. «Ils se trouveraient isolés du NFP, ajoute Mathilde Panot, mais surtout en rupture avec ce qui a été promis et donné en parole aux électeurs et aux électrices.» Voilà les socialistes hésitants soumis à une rude pression pendant deux jours. Ceux qui ne voteront pas la censure sont menacés d’une candidature concurrente soutenue par LFI aux prochaines élections législatives. Les autres ont la promesse d’être épargnés.

Bayrou, lui, semble si pressé de tourner la page du budget qu’il a tenté de s’esquiver de l’hémicycle à peine après avoir annoncé son deuxième 49.3 de l’après-midi. La présidente de l’Assemblée, Yaël-Braun Pivet, était encore en train de prononcer le texte rituel selon lequel le PLFSS serait adopté sous réserve qu’aucune motion de censure ne soit adoptée. «Monsieur le Premier ministre, la séance n’est pas terminée !», l’a-t-elle une fois de plus rabroué, après avoir critiqué la semaine dernière ses positions sur la fin de vie ou sur un «sentiment de submersion» migratoire. Après un moment de flottement, le chef du gouvernement est retourné s’asseoir.

Libération

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