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Une promesse d’embauche plutôt qu’un engagement sur des volumes de commande. Interrogé ce mardi 4 février dans une ambiance tendue à l’Assemblée nationale sur le sort de son ancienne filiale menacée, la Fonderie de Bretagne, le patron de Renault, Luca de Meo, est resté inflexible sur les choix du constructeur mais annoncé que des emplois pourraient être proposés aux salariés lésés. «Si, malheureusement, malgré les montants engagés par Renault, aucun plan de reprise ne se dessine, on prendra nos responsabilités et on proposera un emploi équivalent aux salariés sur un de nos sites en France», a lancé le directeur général devant les députés de la commission des affaires économiques. Le groupe Renault ne dispose toutefois pas d’implantation en Bretagne, à proximité de l’usine, située à Caudan, près de Lorient. Ce qui pourrait compliquer l’effectivité de sa proposition auprès des salariés privés de salaire.
Ancienne filiale du constructeur au losange, Fonderie de Bretagne (FDB), dont les 350 salariés produisent des pièces en fonte pour les suspensions et les échappements, avait été vendue en 2022 au fonds d’investissement allemand Callista Private Equity. Le groupe automobile français est toutefois resté le principal client de la Fonderie et représentait 95 % de son chiffre d’affaires en 2024, tout en la poussant à chercher des clients au-delà du secteur automobile. Mais Renault refuse depuis l’été 2024 de s’engager sur un volume de commandes pour les années à venir, refus qui aurait, selon la direction de FDB, fait capoter les discussions entamées pour une reprise de l’entreprise en difficulté par un autre fonds d’investissement, Private Assets.
Mardi, des salariés de la Fonderie et de Renault ont manifesté avant l’audition de De Meo devant le siège du constructeur, à Boulogne-Billancourt, puis près de l’Assemblée nationale, demandant que Renault assume ses responsabilités. «Il y a là un cas d’école», a lancé Aurélie Trouvé, présidente (LFI) de la commission des affaires économiques. «Si cette fonderie ferme, on peut se dire que toutes les fonderes de France vont fermer. Rien ne justifie la fermeture d’un tel site.»
Devant les députés, qui ont multiplié les questions sur la fonderie du Morbihan, dans un climat parfois tendu, Luca de Meo a regretté que «tout le monde [n’ait] pas pris la mesure de ce qui se passe» avec le virage de l’industrie automobile vers l’électrique. Celui-ci, accéléré par le plan européen pour passer au tout-électrique en 2035, «réduit drastiquement les besoins en fonte» et n’a pas été «correctement anticipé par les acteurs politiques et économiques», a souligné l’Italien. «Vous avez voté pour qu’en 2035 on arrête le moteur thermique», a-t-il aussi lancé aux députés. «Est-ce qu’on peut demander à Renault d’assumer les conséquences d’un choix politique» et «l’échec du management de Fonderie de Bretagne ?» a-t-il ajouté. François Ruffin (ex-LFI), qui a manifesté mardi avec les fondeurs, a rétorqué : «J’aimerais que vous alliez leur dire en face (que leur emploi est supprimé).»
Luca de Meo a répété que Renault avait proposé de mettre «35 millions d’euros dans la balance» pour aider à la reprise et à la diversification de son ancienne usine, devenue son fournisseur. Les graves difficultés rencontrées par de nombreux fournisseurs sont aussi liées au «problème de compétitivité de l’Europe», «les maillons les plus faibles de la chaîne sont les premiers à ressentir tout ça», a-t-il argumenté. En difficulté financière, la Fonderie de Bretagne a été placée en redressement judiciaire le 23 janvier.
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