Guerre au Proche-Orient : qu’est-ce que le THAAD, le système de défense américain livré à Israël ?

Ce système de défense aérien est désormais «en place» en Israël a annoncé ce lundi 21 octobre le secrétaire américain à la Défense Llyod Austin. «Libération» fait le point autour de ce nouveau dispositif.

Israël dispose d’un nouvel outil de fabrication américaine pour sa défense. Ce lundi 21 octobre, alors qu’il est attendu en Ukraine, le Secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a annoncé que le système THAAD, pour Terminal High Altitude Area Defense, était désormais «en place» en Israël. Sans dire si le dispositif acheminé depuis une semaine par une vingtaine d’avions-cargos C-17 était opérationnel, Austin a néanmoins précisé : «Nous avons la capacité de le mettre en service très rapidement et nous sommes en phase avec nos attentes». Promis dès le 13 octobre par Joe Biden, le déploiement du THAAD a pour but d’aider à perfectionner la protection de l’Etat hébreu et à renforcer son autre système de défense anti-aérien, le dôme de fer. Libération fait le point sur cette nouvelle arme de défense qui vient renforcer l’arsenal de Tsahal.

Un missile qui ne transporte aucune ogive

C’est une arme qu’il faut penser comme un bouclier. Conçu par la société de l’Etat américain du Maryland, Lockheed Martin, premier producteur mondial d’armes en 2023, ce système de missiles antibalistiques plutôt considéré comme facile à déplacer, est en service depuis 2008 au sein de l’armée américaine. Son rôle est de détruire des missiles, balistiques ou non, à courte et moyenne portée. Selon CNN, ce système, qui utilise une combinaison de radars et d’intercepteurs, est le seul capable d’abattre des missiles balistiques à l’intérieur mais aussi à l’extérieur de l’atmosphère, que ce soit durant leur phase de vol ou au moment de plonger sur leur cible.

Le THAAD est efficace dans un rayon de 200 km et jusqu’à une altitude de 150 km. Sur son site internet, l’entreprise Lockheed Martin se félicite d’un taux de réussite de 100 % du THAAD en mission et lors des phases de tests. A l’inverse des autres systèmes de ce type, les intercepteurs du THAAD fonctionnent sur le modèle «hit-to-kill» en se basant sur l’énergie cinétique du missile (l’énergie que possède un corps en raison de son mouvement) et ne comportent donc aucune ogive. Concrètement, le missile du THAAD vient entrer en collision avec la cible pour la détruire plutôt que d’exploser à proximité de la menace.

Selon un rapport publié en avril par le service de recherche du Congrès américain, l’armée américaine dispose de sept batteries THAAD. En général, chacune d’entre elles comprend six lanceurs montés sur camion, 48 intercepteurs, des équipements radio et radar. Chaque batterie nécessite en moyenne 95 soldats pour fonctionner. C’est l’une de ces batteries qui est actuellement mobilisée en Israël.

Le dôme de fer renforcé

Grâce à un vaste système de commandement, de contrôle et de gestion des combats, les batteries THAAD peuvent communiquer avec une large gamme de défenses antimissiles américaines, y compris les systèmes Aegis – que l’on trouve à bord des navires de la marine américaine – et les systèmes de défense antimissile Patriot conçus pour intercepter des cibles à plus courte portée. A noter que les missiles du THAAD couvrent une zone plus étendue que les missiles Patriot mais moins importante que celle du Aegis.

Selon le Center for Strategic and International Studies, un think tank basé à Washington et spécialisé dans la géopolitique, ces outils de défense aérienne viennent s’ajouter aux systèmes israéliens Arrow 2 et Arrow 3 développés en collaboration avec les Etats-Unis. Le missile Arrow 2 utilise des ogives à fragmentation pour détruire les missiles balistiques entrants dans leur phase terminale, lorsqu’ils plongent vers la cible mais qu’ils sont encore en haute atmosphère. De la même manière que le THAAD, l’Arrow 3 se base sur une technologie «hit-to-kill». Pour intercepter les projectiles volant à plus basse altitude, le dôme de fer compte sur une dizaine de batteries qui transportent chacune trois à quatre lanceurs de missiles facilement manœuvrables.

Un système déjà envoyé en Israël en 2019

Ce n’est pas la première fois qu’une batterie THAAD est envoyée en Israël. En 2019 déjà, un système de ce type avait été déployé pour des sessions de formation. Washington en a dépêché un autre dans la région au lendemain de l’attaque du 7 octobre pour protéger les forces américaines.

En janvier 2022, le THAAD a réalisé sa première interception opérationnelle dans un environnement de combat : une batterie exploitée par les Émirats arabes unis a intercepté avec succès un missile balistique lancé par les rebelles houthis au Yémen. Plusieurs batteries de THAAD sont mobilisées sur des zones sensibles en dehors du territoire américain continental, notamment en Corée du Sud et à Guam. Dans l’océan Pacifique, le THAAD a été déployé pour protéger les bases militaires américaines face aux menaces de tirs de missiles balistiques provenant de la Corée du Nord et de la Chine.