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Le dirigeant du CAC40 qui raconte cette séquence à Libération rentre du forum économique de Davos où le gratin de l’économie et du business se retrouve chaque année : «Donald Trump venait de prendre ses fonctions et il est apparu pour beaucoup comme un leader qui prend des décisions tout de suite et signe des décrets. Il agit, ça plaît. Il déréglemente, ça plaît. Il réduit les dépenses publiques, ça plaît. Ce qui plaît un peu moins, c’est le chaos dans lequel tout cela se met en place.» Une cheffe d’entreprise présente dans le secteur des technologies voit, elle, dans la situation outre-Atlantique «un état de grâce avec un taux d’impôt sur les bénéfices ramené à 15 %, 500 milliards d’investissement prévus dans l’intelligence artificielle…» Trump, poursuit-elle, «annonce la couleur et les chefs d’entreprise lui en sont reconnaissants». Ces effets d’annonce éclipsent visiblement sa méthode «brutale» de négociation, qui consiste à menacer d’abord pour mieux négocier ensuite.
Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique du groupe qui porte son nom, affiche d’ailleurs un certain scepticisme face à la méthode Trump : «Je ne crois pas à l’alliance des oligarques et de la sphère publique. La fascination de certains patrons européens pour le président américain est une situation dont il faut sortir.» Il semble bien qu’au-delà de la méthode, à laquelle peu adhèrent, le patronat français regarde avec intérêt la manière dont Donald Trump va s’y prendre pour tailler dans les dépenses publiques. «C’est un pragmatique, il veut rendre plus efficace la machine publique alors qu’en France, le manque de productivité gêne la croissance du PIB», analyse le directeur général d’un grand groupe plutôt identifié comme un patron de gauche. Pour l’avenir, les mesures douanières et fiscales appelées à être mises en œuvre risquent surtout de modifier les choix d’investissement. Avec un impôt sur les sociétés annoncé bien plus faible que dans la plupart des Etats de l’UE et des barrières financières à l’entrée des produits non-américains, la stratégie de certains grands groupes européens risque de se modifier. Ils pourraient désormais choisir de privilégier le territoire américain pour leurs futures usines. Il n’en reste pas moins que certains entendent aussi ne pas lâcher l’affaire facilement, à l’image de Michel-Edouard Leclerc, visiblement prêt à en découdre sur le long terme : «Il est temps de jauger l’adversaire et de l’entraîner dans un marathon de négociations.»
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