«Chiens des Ozarks» : déchaînement de haines dans l’Arkansas

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Disons-le tout net, Chiens des Ozarks est un grand livre noir, un roman nourri de littérature du sud parsemé de gros calibres, comme ceux du héros, Jeremiah. Ce vétéran du Vietnam a le cheveu blanc, des douleurs dans les genoux, mais il continue de dominer son cimetière de ferraille, une casse automobile où l’on trouve aussi des armes improbables et de vieux livres d’excellente qualité. Jeremiah élève sa petite-fille, Joanna, dont la mère a disparu et le père purge sa peine au pénitencier. L’homme a tué un des fils Ledford, d’un groupe de suprémacistes blancs, dealers de meth, franchement violents et portés par une rancune tenace. Nous sommes dans l’Arkansas, à Taggard, ville fantôme qui a connu la prospérité avant de sombrer dans le chômage, les trafics de drogue et le racisme. Mais aujourd’hui, c’est la fête de rentrée du lycée. Joanna, la petite-fille de Jeremiah, devrait être élue reine du «Homecoming» juste avant de partir pour l’université. Elle a mis sa robe bleue, tente de persuader son grand-père de lui laisser la permission de minuit pour voir son petit copain. Rien que de très normal.

Mais il y a toujours de vieux comptes à régler entre la famille de Jeremiah et celle des Ledford, de la fureur et surtout du sang. Commence une poursuite infernale, le déploiement de haine entre les clans mais aussi les drames humains. Car Eli Cranor (dont c’est le premier livre traduit) n’est jamais manichéen. Il parle avec subtilité de cette Amérique oubliée, celle qui vient de voter Trump car elle se sent abandonnée au pied des monts Ozarks dans un dénuement infini. Eli Cranor réussit à composer une intrigue serrée, efficace jusqu’à la dernière page, et laisse de la place à chaque personnage, développe leur complexité, leur désespoir. Voilà du rural noir à la Daniel Woodrell ou Larry Brown, une tragédie sociale et familiale où tout le monde subit, ne sachant répondre à l’injustice qu’avec les armes, les chiens affamés et les coups de poing.

Libération

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