Les Suisses rejettent massivement une initiative de responsabilité environnementale

Les Suisses rejettent massivement une initiative de responsabilité environnementale

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La responsabilité environnementale ? Très peu pour eux. Les Suisses ont massivement rejeté ce dimanche 9 février une initiative des écologistes, visant à inscrire dans la Constitution le respect des limites naturelles de la planète, jugeant le projet trop risqué pour l’économie et le mode de vie du petit pays alpin. Le référendum «pour une économie responsable dans les limites de la planète» est rejeté à 69,84 %, selon le décompte officiel provisoire des autorités fédérales sur l’application VoteInfo, pour une participation de près de 38 %. Le «non» l’a emporté dans les 26 cantons que compte le pays. «Ce non n’est certainement pas un non à la protection de l’environnement», a commenté le conseiller fédéral (ministre) en charge de l’environnement, Albert Rösti, lors d’un point de presse. Il est selon lui un «non» à «une vie radicalement différente de celle que nous menons aujourd’hui en Suisse».

Le résultat n’a rien d’une surprise. Le gouvernement fédéral, les partis conservateurs et les milieux économiques étaient fermement opposés à ce texte. Ils jugeaient qu’il mettait en danger l’économie en allant trop loin, et estimaient que les plans actuels de lutte contre le changement climatique étaient suffisants. «Il y a eu une campagne des opposants réfractaires à tout changement», a dénoncé, sur la télévision publique RTS, Margot Chauderna, coprésidente des Jeunes Vert-e-x-s, formation à l’origine de cette initiative.

Les Jeunes Vert-e-x-s, soutenus par la gauche, ancraient leurs propositions dans le concept de «limites planétaires» comme moyen de lutte contre les crises environnementales. «L’objectif est d’aboutir en une décennie à une économie et une société où la quantité de ressources consommées et celle des polluants rejetés restent dans des proportions supportables par l’environnement», explique l’ONG Greenpeace, partisane du oui, dans un communiqué. Le projet avait pour ambition d’inscrire dans la Constitution helvétique le respect des limites naturelles de la planète, qui seraient déterminées scientifiquement. Pour autant, les membres de la coalition du «oui» estiment que malgré la défaite, l’initiative a au moins eu le mérite de faire connaître au grand public le concept de limites planétaires comme moyen pour lutter contre les crises environnementales.

Les Suisses «ne veulent pas adapter drastiquement leur mode de vie pour prendre soin de la planète», commente le quotidien TagesAnzeiger, jugeant le résultat du vote «compréhensible». «L’initiative demandait la protection de l’environnement aux forceps», juge le quotidien germanophone soulignant qu’en cas de oui, la Suisse aurait dû réduire sa consommation en l’espace de dix ans, ce qui «aurait nécessité des coupes sévères dans l’économie». Le journal francophone la Liberté juge aussi que c’était trop demander à la population. «La mise en œuvre du texte des Jeunes Verts signifiait une remise en cause radicale du mode de vie de la population helvétique, à laquelle elle n’est pas prête à consentir», peut-on y lire.

Avant le scrutin, l’UDC, la droite radicale qui est le premier parti de Suisse, ne mâchait pas ses mots : «cette initiative est dangereuse, car elle aurait comme conséquence une augmentation très importante des prix ou encore une diminution de la diversité de l’offre dans les domaines autant variés que sont l’alimentation, le logement, la mobilité ou encore les vêtements». «En résumé, nous détruirions la prospérité de la Suisse, avec un niveau économique similaire à des pays comme l’Afghanistan, Haïti ou Madagascar», osait même un élu UDC, Nicolas Kolly, pour dénigrer l’initiative.

Libération

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