Sommet de Paris : la chasse à l’IA

Qui se souvient encore des appels en faveur d’un moratoire sur l’intelligence artificielle, son développement étant non régulé et son installation hors tout cadre légal ? Sam Altman, patron de la firme OpenAI qui avait été limogé par son propre comité de surveillance éthique, est aujourd’hui de retour et adulé de partout. Il sera d’ailleurs l’un des invités du marque qu’Emmanuel Macron accueillera à partir de ce lundi au Sommet mondial pour l’action sur l’intelligence artificielle, aux côtés de nombreux chefs de gouvernement et patrons de géants de la tech. En filigrane apparaît déjà le véritable nom de l’exercice, «la régulation oui, mais pas trop», car la France est très en retard malgré plus de 2,5 milliards d’euros engloutis dans une subvention de start-up qui ne dit pas son nom, préférant s’intituler Plan France 2030.

Et que se passera-t-il en 2030 ? Nul le sait, mais il faut en être. Aucune firme technologique lancée dans l’IA n’étant capable d’esquisser un possible modèle financier, ce sont de plus en plus les Etats qui passent à la caisse, à commencer par la Chine et les Etats-Unis, où Donald Trump a déjà annoncé le plan «Stargate» pour les infrastructures à venir. Libération se penche aujourd’hui non seulement sur les enjeux géopolitiques et financiers de l’IA, mais aussi sur son impact environnemental, alors que la France espère attirer nombre des nouveaux data centers à pourvoir grâce à son réseau énergétique à bas coût carbone. Les spécialistes que nous avons interrogés sont inquiets de cet emballement mondial qui manque singulièrement de garde-fous. En 1942, le physicien Enrico Fermi avait stupéfié les gouvernements du monde entier en annonçant avoir construit sous un stade de Chicago la première pile atomique. Moins de trois ans plus tard, c’était Hiroshima. Il est encore temps de définir les enjeux de l’intelligence artificielle, mais 2030 risque d’arriver très vite.