«Trop bien», «en vrai» et «du coup», par Luc Le Vaillant

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Chronique «Ré/Jouissances»

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Décryptage légèrement paranoïaque d’expressions très usitées qui anticipent sur des régressions moralisantes et des angoisses existentielles.

Parfois, les expressions en vogue sont des alouettes qui font le printemps. Parfois, les locutions maniaques qui agitent les langues ad nauseam mettent à sac les palais d’hier. Parfois aussi, les mots passent comme des menaces et témoignent des crispations des sociétés, qu’ils font pourtant mine de vouloir marabouter.

Je n’appartiens pas à la police du langage, et ça m’amuse de voir comment le français travaille sans cesse, comme une poutre maîtresse dans une charpente académique, l’une et l’autre attaquées par la mérule des incrédules, des inconscients et des inventifs. Bien sûr, les anglicismes m’énervent quand ils font verser dans le ridicule, quand «se confronter» perd sa particule et devient «confronter» ou quand on ânonne «je vous partage» au lieu de «je vous transmets». Par contre, j’adore les abréviations qui me renvoient à ma Bretagne d’origine qui a toujours coupé court dans les vocables capiteux de la capitale qu’elle peine à articuler. J’adore le «déso» des faussement attristés et le «t’as la réf ?» des initiés. Je me régale du «askip» des incertains et du «je suis dég» des dégoûtés qu’un rien fait vomir. Ça me plaît assez qu’on dise «charbonner» pour bosser fort et «charo» ou «charognard» pour un dragueur alourdi. Par contre, je sature d’«en mode» et de «genre». Et je suis tout aussi lassé de «trop bien», d’«en vrai» et de «du coup». Sauf que ces trois sapajous avec lesquels il est fait énormément joujou ne sont pas uniquement des tics en stock ou des sign

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