La France dégringole au classement de Transparency International sur la corruption

La France dégringole au classement de Transparency International sur la corruption

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Moins cinq places, pour aboutir au 25e rang mondial sur 130 pays, dix derrière l’Allemagne, le Danemark caracolant en tête des pays les moins corrompus. Au même niveau que la Qatar ou les Bahamas, c’est dire. Le dernier classement établi par Transparency International est peu glorieux pour la France, qui entre pour la première fois dans la catégorie des pays «risquant de perdre le contrôle de la corruption».

L’ONG, qui avait déjà épinglé le peu d’allant du chef de l’Etat en la matière, à la fin de son premier quinquennat, pointe ainsi «une absence de volonté, tous bords politiques confondus, de lutter contre les atteintes à la probité». Mais elle met particulièrement en cause Emmanuel Macron : «Il avait ouvert son premier quinquennat en faisant de la moralisation de la vie publique une de ses priorités ; sept ans plus tard, le constat est amer», déplore Florent Clouet, délégué général de la section française de TI.

Et de recenser pas moins de 26 de ses ministres ayant été impliqués dans des affaires politico-financières depuis 2017. Certes, la plupart sont bien loin d’être condamnés, ni même formellement poursuivis à ce jour. Et l’actuel Premier ministre, François Bayrou, le seul ayant été déjà jugé, a obtenu une relaxe à la barre dans le dossier des emplois fictifs du Modem au sein du Parement européen.

Transparency évoque en particulier les mises en examen de la ministre de la Culture, Rachida Dati (affaire Renault) et les poursuites pour «prise illégale d’intérêts» du secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler (liens familiaux avec l’armateur MSC). Mais aussi les récentes mises en cause d’Aurore Berger, ministre déléguée à l’Egalité entre les femmes et les hommes, visée par une enquête pour faux témoignage, tout comme le ministre des transports, Philippe Tabarot, dans le collimateur de la justice pour une suspicion de détournement de fonds publics. L’ONG anticorruption y voit le signe d’un «affaiblissement des principes d’exemplarité au sein de l’exécutif».

Aurore Berger fait l’objet d’une toute récente enquête ouverte par la Cour de justice de la République après avoir proclamé en avril 2024, devant une commission d’enquête parlementaire, alors qu’elle était ministre des Solidarités, n’avoir aucun lien autre que professionnel avec la lobbyiste des crèches. Un propos mis à mal par le récent livre de Victor Castanet évoquant un «pacte de non-agression» entre elles.

Tabarot, lui, est sous le coup d’une enquête préliminaire du Parquet national financier après un signalement de la Haute Autorité pour la transparence de la vie politique qui avait tiqué sur son cumul de rémunérations (137 872 euros sur un an) à la mairie du Cannet, alors dirigée par son épouse Michelle.

Entre autres signaux plus ou moins faibles, Transparency évoque également la trop longue suspension temporaire de l’agrément de l’association Anticor en 2024, l’une des trois ONG (avec TI et Sherpa) habilitée à porter plainte pénale au nom de l’intérêt général, afin de contourner l’inertie de certains parquets, et qui ne s’en privent guère. Bien que cela relevât initialement d’une décision du tribunal administratif, le peu de précipitation du pouvoir exécutif à le renouveler l’agrément une fois celle-ci annulée, paraît manifester une certaine méfiance envers ces empêcheurs de tourner en rond.

D’avantage que la corruption en tant que telle, qui est rarement reprochée à la macronie au pouvoir, c’est le plus souvent les conflits d’intérêts et la proximité avec certains lobbies qui sont en cause – TI cite en exemple ceux des crèches, donc, ou encore des eaux minérales. L’ONG dénonce ainsi une «porosité croissante et dangereuse entre les sphères publiques et privées, au détriment de l’intérêt général». Rude leçon de morale pour un Emmanuel Macron au règne finissant, adepte du «en même temps».

Libération

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