JO Alpes 2030 : Edgar Grospiron, champion olympique de ski de bosses, proposé à la présidence du Comité d’organisation

JO Alpes 2030 : Edgar Grospiron, champion olympique de ski de bosses, proposé à la présidence du Comité d’organisation

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C’était il y a pile 33 ans, aux Jeux d’Albertville 1992. Edgar Grospiron s’élançait du haut de la piste de Tignes. En bas, il devenait le premier champion olympique de ski de bosses. Ce jeudi 13 février, «Gagar», 55 ans désormais, se prépare à dévaler une autre pente tout aussi raide et semée d’embûches : c’est lui que le «groupe des 5» (des représentants du ministère des Sports, de la Délégation interministérielle aux Jeux olympiques et paralympiques, des régions Aura et Paca, des comités olympique et paralympique, accompagnés par l’ancien Premier ministre Michel Barnier) va proposer pour diriger le futur Comité d’organisation des Alpes 2030, qui doit être officiellement lancé mardi prochain.

Pas sûr que ce «G5» olympique avait en tête la date anniversaire au moment de procéder à la désignation du Haut-Savoyard, tant agitation et précipitation semblent être de rigueur ces derniers temps. Il y a deux semaines encore, Grospiron observait lui-même d’assez loin cette étrange course à la présidence, dont le favori Martin Fourcade n’avait les faveurs ni de Laurent Wauquiez, ni, dans une moindre mesure, de Renaud Muselier, les deux présidents de région qui avaient topé un an et demi plus tôt pour monter une candidature commune, avalisée par le CIO en novembre 2023, faute de concurrence.

Une défiance telle que l’ex-biathlète, le «Tony Estanguet des montagnes» pourtant adoubé par Emmanuel Macron, s’est résolu à se retirer le 3 février, «pour ne pas sacrifier ses convictions». Les porteurs du projet ont rouvert dans l’urgence le processus de candidature. Les CV déposés par Nathalie Péchalat (patinage artistique), Jean-Luc Crétier (ski alpin) et l’ancien visage des sports à France Télé, Gérard Holtz, ont servi à donner l’illusion que le poste suscitait de l’intérêt. En réalité, immédiatement après l’annonce de Fourcade, le CNOSF a contacté Edgar Grospiron, sans doute sur conseil de Michel Barnier.

L’ex-Premier ministre, du temps où il fut lui-même président du Cojo en 1992, connaît bien l’ancien champion haut-savoyard. Il partage des valeurs communes avec celui qui fut, en 2008, sur la liste de l’ancien ténor de la droite gaulliste, Bernard Accoyer, lors des municipales pour diriger Annecy-le-Vieux, en banlieue très résidentielle d’Annecy. Grospiron y vit depuis 1978. C’est d’ailleurs en bon enfant du pays que Grospiron avait porté la candidature d’Annecy 2018, avant que Pyeongchang ne rafle la mise.

Cette fois, le triple champion du monde a hésité. Dans sa lettre, il dit s’être questionné quelques jours : «Que devient mon activité de conférencier, que j’exerce depuis vingt ans ? Quid du projet de développement sur dix ans que je commençais à lancer ?» Ce père de quatre enfants, dont deux de 4 et 7 ans, s’est surtout assuré du soutien de sa famille avant de se lancer définitivement.

Le dossier Alpes 2030 n’a rien à voir avec Annecy. Mais dans une lettre d’intention diffusée aux médias mardi, Grospiron s’est dit «aligné avec les conditions» qui lui ont été annoncées par le président du CNOSF David Lappartient, Laurent Wauquiez et Renaud Muselier. L’ex-skieur évoque un projet «ambitieux et collectif», qui a besoin «d’un leader qui sait motiver et fédérer». Il a explicité sa pensée : «Je ne considère pas que tous les voyants sont au vert. Je prends le projet tel qu’il est. Tel qu’on me l’a présenté. Je n’ai pas de velléité à tout changer. […] Je ne viens pas imposer ma vision des choses, mais convaincre de ce qui est bon pour le projet et pour mettre en œuvre ce qui a été décidé par le bureau exécutif.»

Faut-il comprendre qu’il sera plus manœuvrable et moins indépendant que Fourcade ? «Il présente un profil intéressant, avec une aura médiatique indéniable depuis son titre (olympique)», plaide une source au sein du mouvement sportif français. Dans l’imaginaire collectif, Grospiron renvoie l’image du joyeux drille qu’il s’est construite dans les années 1990, le «bosseur» gai luron au régime «une semaine vin rouge, une semaine vin blanc». Son verbe et sa bonhomie l’ont hissé sur les plateaux de Canal, comme consultant et même chroniqueur lors des Jeux d’Atlanta 1996. Et plus récemment à France Télé. Familier des rouages médiatiques, il présente aussi l’avantage d’être «assez proche du CIO», argue-t-on de même source, Grospiron ayant mené quelques missions olympiques.

Autre atout, si l’on en croit sa fiche de présentation déroulée sur son site internet, ce «coach certifié» s’avère être aussi un «entrepreneur et business angel», qui «connaît bien le monde de l’entreprise et ses exigences». A même, donc, d’aller gratter des sponsors qu’il lui faudra assurément convaincre, tant les plans sont flous, notamment sur ses versants budgétaires et environnementaux. Un élu local résume son défi en une question : «Comment vendre à une population soumise à d’intenses efforts d’austérité budgétaire des Jeux «sobres» et «verts» chiffrés entre 2 et 3 milliards, sans budget prévisionnel détaillé ni une carte des sites définitive ?» Grospiron a cinq ans pour y répondre.

Libération

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