A quoi va servir le nouveau haut-commissariat à l’Enfance ?

A quoi va servir le nouveau haut-commissariat à l’Enfance ?

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En annonçant fin décembre la création d’un haut-commissaire à l’enfance, Emmanuel Macron cherchait avant tout à faire avaler la pilule. Alors que le président de la République a dit et répété vouloir faire de la protection de l’enfance une priorité, l’absence de ministre dédié a provoqué l’ire des acteurs du secteur. Le lancement de ce haut-commissariat a été officialisé ce jeudi 13 février en Conseil des ministres, deux jours après la publication de sa mise en place au Journal officiel. Il pourrait être confié – sans que cela soit confirmé pour l’heure – à Sarah El Haïry, vice-présidente du Modem et ancienne ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles. Et devra faire face à une situation critique.

Institué auprès de Catherine Vautrin, ministre du Travail, des Solidarités et des Familles, ce haut-commissaire à l’Enfance «apporte son concours à la définition, la coordination, la promotion, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques conduites en matière d’enfance, en particulier en matière de protection de l’enfance, de santé de l’enfant, de soutien à la parentalité, d’adoption, de petite enfance et d’accueil du jeune enfant», peut-on lire dans les textes officiels. «Il contribue également à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques conduites à l’égard des professionnels de l’enfance», précise l’arrêté. Le haut-commissaire est ainsi notamment chargé d’organiser la concertation avec les acteurs du secteur et de coordonner au niveau interministériel la politique de l’enfance.

Dans une décision-cadre rendue publique le 29 janvier, la Défenseure des droits, Claire Hédon, pressait l’Etat à agir face «aux lourdes défaillances» observées dans la protection de l’enfance. Mise à mal par une pénurie de professionnels, un déficit de structures d’accueil et un nombre croissant de jeunes à protéger – 390 000 font l’objet d’une mesure de protection selon les derniers chiffres officiels –, l’Aide sociale à l’enfance (ASE) est aux abois. En parallèle, quelque 3 millions d’enfants vivraient en France sous le seuil de pauvreté selon l’Unicef qui ajoute que le nombre d’enfants sans domicile «n’a cessé d’augmenter». Chaque année, ils sont par ailleurs 160 000 à être victimes de violences sexuelles, selon le collectif la Dynamique pour les droits de l’enfant qui regroupe une vingtaine d’associations.

D’un côté, ce nouveau commissariat est «un progrès», reconnaît Pierre Suisser, pédiatre, coprésident du Syndicat national des médecins de protection maternelle et infantile (SNMPMI). «Ça témoigne d’une attention plus soutenue des pouvoirs publics pour l’enfance.» Mais cela reste insuffisant. «Tout ce qui concerne l’enfance est impacté par des choix politiques. Un ministre qui aurait des prérogatives reste la meilleure garantie puisqu’il pourrait agir au plus près des objectifs fixés», complète le médecin. Même son de cloche du côté d’Arnaud Gallais, cofondateur et président de l’association Mouv’Enfants, pour qui ce Haut-Commissariat «représente le service minimum au regard de l’état de la protection de l’enfance en France». «La suppression d’un ministère dédié à l’enfance traduit une fois encore l’immobilisme de l’Etat sur cette question. Quoi qu’on dise, un haut-commissaire ne peut pas participer au Conseil des ministres et ne pourra pas avoir la même action et efficacité.»

Libération

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