«Gros con», «je t’emmerde» : deux eurodéputés du RN insultent des élus de gauche qui manifestaient contre une conférence sur la «remigration»

«Gros con», «je t’emmerde» : deux eurodéputés du RN insultent des élus de gauche qui manifestaient contre une conférence sur la «remigration»

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Le geste est rapide. Les deux mains dans les poches de sa doudoune sans manches, l’eurodéputé du Rassemblement national Philippe Olivier en sort une furtivement et fait un doigt d’honneur à l’insoumis Anthony Smith. Une autre vidéo, publiée sur X, le montre en train de le traiter de «gros con» quelques secondes auparavant, avant de lui lancer un «je t’emmerde». Derrière Philippe Olivier, un autre élu RN, Gilles Pennelle, invective les manifestants. «On vous emmerde», surenchérit l’ancien directeur général du RN, forcé de démissionner de son poste à l’été 2024 après l’échec du plan Matignon dont il était responsable.

Accompagné des insoumises Manon Aubry et Emma Fourreau, de l’écologiste Mélissa Camara et d’une trentaine d’eurodéputés de gauche et de leurs assistants, Anthony Smith participait à une «haie du déshonneur», mercredi 12 février, protestant contre la tenue d’une conférence au sein du Parlement européen à Strasbourg «Remigration et protection des frontières de l’UE», promouvant le concept d’extrême droite qui prône le retour des immigrés dans leur pays d’origine. «Ils violent les principes fondamentaux du règlement du parlement européen, s’énerve l’eurodéputée insoumise Manon Aubry, contactée par Libération. On ne peut pas organiser des évènements ouvertement racistes dans cette enceinte». Les deux élus du RN n’ont pas souhaité répondre à nos sollicitations.

Organisée par L’Europe des nations souveraines (ENS), dont fait partie Reconquête ! mais pas le RN, la conférence se tenait mercredi 12 février dans la salle de conférences dédiée au groupe parlementaire d’extrême droite. Une conférence organisée par quatre eurodéputés : l’espagnol Hermann Tertsch (Vox), les Allemands de l’AfD Mary Khan et René Aust et la bulgare Rada Laykova (Revival). Côté français, Sarah Knafo, unique eurodéputée du parti d’Éric Zemmour, était la seule élue française présente. Selon plusieurs manifestants, le slovaque Milan Mazurek du parti Republika qui apparaît sur des photos, était aussi de la partie. En septembre 2019, il avait perdu son siège au parlement slovaque pour avoir comparé, trois ans auparavant sur une radio locale, la population Rom à des animaux, les accusant de faire des enfants pour gagner de l’argent et leur faire commettre des crimes mineurs. La Cour suprême l’avait également condamné à une amende de 10 000 euros. En 2016 déjà, une de ses publications Facebook dans laquelle il défendait Hitler et le IIIe Reich était révélée par la presse du pays.

Les deux eurodéputés du RN, eux, n’y ont pas participé selon plusieurs témoins sur place, étant simplement de passage dans les couloirs lorsqu’ils ont rencontré la mobilisation. Reprochant aux manifestants d’avoir menacé et tenter d’interdire cette conférence, ils ont alors pris la défense du groupe ENS et de ses membres. «Leurs menaces comme leurs tentatives d’interdiction de la liberté d’expression ou de réunion ne nous feront pas plier», a commenté Philippe Olivier sur X, accusant LFI de «bordélisation» et d’«intimidation». Une accusation que réfute Manon Aubry.

Si les eurodéputés de gauche et leurs attachés parlementaires n’ont pas empêché les participants d’entrer dans la salle, ils ont bien demandé au Parlement européen d’interdire cette réunion lorsqu’ils ont appris l’information. Apprenant sa tenue, l’eurodéputée écologiste Mélissa Camara a envoyé un mail, lundi 10 février, à Roberta Metsola, la présidente du Parlement européen. «Permettre la tenue d’un tel événement sous l’égide du Parlement européen risque de donner une légitimité à des idées contraires aux principes démocratiques et aux droits fondamentaux que nous défendons», a justifié l’eurodéputée dans son écrit. Une initiative suivie par Manon Aubry et la socialiste Murielle Laurent. Trois mails restés sans réponse du Parlement, bien que le sujet ait été abordé dans son bureau. Un refus pour éviter de créer un précédent, selon Mélissa Camara.

En session plénière jeudi 13 février, le président de la délégation française du groupe des Patriotes Jean-Paul Garraud (RN) a fait un rappel aux règlements, protestant contre l’initiative des écologistes, des insoumis et des socialistes. «Nous n’allons pas nous laisser intimider par des apprentis révolutionnaires, islamogauchistes et antisémites», a lancé l’élu dans l’hémicycle, réclamant des sanctions contre Manon Aubry et les manifestants. «En prenant la défense de cet événement, vous montrez le vrai visage de l’extrême droite, qui est celle aujourd’hui d’un projet qui est raciste et xénophobe», lui a rétorqué la tête de liste insoumise aux dernières européennes.

La défense de cette conférence sur la «remigration» par le RN peut surprendre. Anciens alliés de l’AfD, l’extrême droite allemande, Jordan Bardella et ses collègues du RN avaient coupé les ponts avec eux après la révélation d’une réunion entre l’AfD et des identitaires néonazis, à propos d’un «plan de remigration», projetant l’expulsion rapide de 2 millions de personnes étrangères ou d’origine étrangère. «Que les choses soient extrêmement claires, je suis en total désaccord la proposition qui aurait été discutée […] dans le cadre de cette réunion», s’était alors défendue Marine Le Pen. Depuis, l’AfD siège dans le groupe ENS, aux côtés de Reconquêtes et de Sarah Knafo.

Libération

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