Premier album: Yoa, les mots au cœur

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Un peu de futurologie. Imaginons dans quinze ou vingt ans des sociologues se penchant sur notre époque troublée, à la croisée des mondes, tentant de dresser le portrait d’une jeunesse tiraillée entre un mal-être paralysant et un désir inextinguible de réinventer les relations humaines, affranchies des typologies du passé. Eh bien, la Favorite, signé par une chanteuse de 26 ans, pourrait faire figure de témoignage unique sur une génération qui, à force d’être qualifiée de «désenchantée», risque hélas de le devenir. Contrairement à ces nouveaux auteurs et auteures soucieux d’enrober leurs rimes d’une distance poétique nécessitant dix écoutes pour en saisir le sens (et encore). Yoa choisit d’aller droit au but. Ecrire à la première personne sans filtre sur ses actes et ses sentiments est un pari osé. Car on le sait, rien n’est plus difficile que de faire simple.

Pourtant, cette plume brute et naïve s’avère d’une force, et même d’une beauté renversante, tout au long de cette quinzaine de scènes intimes où elle s’adresse autant à elle-même qu’à ses «sisters», qu’elle célèbre en mode techno-pop sur l’entêtant Mes copines. Les femmes de moins de trente ans se reconnaîtront sans peine dans cette fulgurante expression des vagues à l’âme et des bleus au cœur, qui parfois tournent au drame, comme dans le bouleversant le Collectionneur, sidérante lettre à un violeur. Mais cet effet générationnel laisse-t-il sur le carreau celles et ceux, plus âgés, indifférents à TikTok, aux mèmes, ou à Billie Eilish ? Sans doute, si l’on appartient aux tristes laudateurs du sempiternel «c’était mieux avant». En revanche, on répondra sans hésiter par la négative si l’on a su préserver intacte sa curiosité. Pas besoin de futurologie pour cela. Avec Yoa, le futur, c’est maintenant.

La première collaboration entre France Gall et Michel Berger. C’est le disque de chevet de toutes les jeunes filles de 1976. Enfin presque toutes.

Tout est contenu dans le ­titre. Cette jeune Belge à l’écriture sensible, ouvre son journal intime à destination du plus grand nombre.

Vingt ans à peine, avec l’aide du producteur électronique Surkin, elle dresse un portrait générationnel brut et même parfois brutal.

Libération

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