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La tragédie des haies tient dans leur permanente sous-évaluation écologique, mais aussi et surtout, l’ignorance de leur portée économique. Celle-ci reste pourtant considérable si l’on prend soin de l’appréhender dans toute son étendue, en envisageant les réseaux de haies non plus seulement à l’échelle de l’exploitation agricole, mais aussi et peut-être surtout, dans leur dimension territoriale.
Le remembrement des années 1950 à 1970 a induit un arasement massif de haies que l’on considérait comme «archaïques» et «inutiles». Il s’agissait de moderniser l’agriculture française pour la rendre plus compétitive. Entre 1950 et 2015, les deux tiers des haies de France ont disparu, soit 1,4 million de km. Un trésor est parti en cendres, brutalement poussé dans des brasiers par des décideurs croyant débarrasser leur grenier – à blé – de vieilleries sans valeur.
On pensait que depuis la loi du 10 juillet 1976 relative à la protection des espaces naturels et des paysages, cette frénésie s’était estompée. On croyait même que le recul des haies avait cessé depuis 2006 avec leur prise en compte par la Politique agricole commune (PAC) comme surface admissible, dès lors éligible aux subventions de la Communauté européenne, puis avec l’exigence de leur maintien en 2014. En 2023, une étude du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux faisait toutefois état d’un recul annuel de 23 500 kilomètres : le déclin des haies se poursuivait invisiblement.
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