Podium contre pulls : entre le Hamas et Israël, une nouvelle mise en scène des libérations des otages et des prisonniers

Podium contre pulls : entre le Hamas et Israël, une nouvelle mise en scène des libérations des otages et des prisonniers

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De la «dignité» et de la «discrétion». C’est ce qu’a réclamé le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) samedi 15 février dans l’après-midi, après l’échange d’otages israéliens contre des prisonniers palestiniens, le sixième depuis le début de la trêve à Gaza. «Le CICR continue de faire état de ses préoccupations concernant la manière dont se déroulent les opérations de libération des otages [israéliens à Gaza] et des détenus, a souligné l’organisation humanitaire. Malgré des appels répétés à procéder aux transferts dans la dignité et la discrétion, toutes les parties concernées, y compris les médiateurs, doivent faire plus pour améliorer les futurs transferts.»

La raison de cette remarque cinglante de la Croix-Rouge ? Si les trois otages israéliens et les 369 Palestiniens ont bien retrouvé la liberté, la séquence a une nouvelle fois été marquée par des mises en scène dérangeantes, de chaque côté.

Après 498 jours de captivité, Sacha Trupanov, un Israélo-Russe de 29 ans, Yaïr Horn, un Israélo-Argentin de 46 ans, et Sagui Dekel-Chen, un Israélo-Américain de 36 ans, ont été libérés à Khan Younès, dans le sud de l’enclave. Ils sont certes apparus en meilleure forme physique que les otages décharnés libérés une semaine plus tôt.

Mais les trois hommes ont comme leurs prédécesseurs été exhibés sur un podium, entourés de combattants armés des brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du Hamas et d’autres des brigades Al-Qods, branche militaire du Jihad islamique.

Ils ont ensuite été contraints de dire quelques mots en hébreu au micro devant une foule de badauds – bien que moins dense et oppressante que par le passé. Leur message, transmis en direct vidéo dans le monde entier, exhortait le gouvernement israélien à aller jusqu’au bout des échanges d’otages israéliens et de détenus palestiniens.

Dans le même temps, une représentante de la Croix-Rouge remplissait des documents dans le cadre de l’échange, sur une table où un sablier a été placé. A côté, le message «Le temps presse» est écrit en hébreu, en arabe et en anglais. Le tout sous la garde de dizaines de combattants masqués formant un cordon autour du podium.

Après cette mise en scène, les trois hommes en survêtement ont quitté les lieux à bord de véhicules du CICR. Israël a largement condamné les cérémonies orchestrées chaque semaine par le mouvement islamiste.

Peu de temps après, l’Etat hébreu a confirmé avoir libéré 369 prisonniers des prisons d’Ofer et de Kziot, respectivement près de Ramallah et de la bande de Gaza, après les avoir transférés «de plusieurs prisons à travers le pays».

Pour la première fois depuis le début du processus, l’administration pénitentiaire israélienne avait revêtu les prisonniers d’un pull, blanc, avec une étoile de David dans le dos et une inscription en arabe : «Nous n’oublions pas et ne pardonnons pas.» Des photos des détenus dans les prisons ont même été diffusées sur les réseaux sociaux par la radio publique israélienne Kan.

Des photographies vivement critiquées par le club des prisonniers palestiniens, une organisation civile de défense des droits des prisonniers écroués en Israël. «S’il y a bien un peuple qui peut être sensible à ce genre de symbole, c’est le peuple juif. Et Israël choisit de reprendre les méthodes des nazis. C’est à la fois criminel, raciste et idiot», a dénoncé auprès de RFI Qadura Fares, le porte-parole de l’association.

L’ex-ministre d’extrême droite de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, qui reste très influent, a adressé ses «félicitations» au patron des prisons israéliennes pour cette «initiative». Le Hamas a pour sa part dénoncé une «violation flagrante des lois et des normes humanitaires».

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Une fois de retour dans la bande de Gaza, nombre de prisonniers se sont empressés de brûler ces survêtements, au milieu d’une foule en liesse. Plus largement, l’un des prisonniers, Hassan Awis, arrivé à Ramallah, a décrit des conditions de détention «très difficiles», faisant état de «torture».

Depuis la première phase de la trêve, qui doit s’achever le 1er mars mais dont ces provocations mutuelles menacent toujours plus la poursuite, 19 otages et 1 134 prisonniers ont été libérés. L’accord prévoit au total le retour en Israël de 33 personnes, dont huit décédés, et la libération de 1 900 Palestiniens.

Libération

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