Attaque au couteau en Autriche : le livreur syrien qui a foncé sur l’assaillant avec sa voiture érigé en héros

Attaque au couteau en Autriche : le livreur syrien qui a foncé sur l’assaillant avec sa voiture érigé en héros

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Ils sont tous les deux syriens. L’un a tué, l’autre a sauvé. Samedi 15 février, dans la ville de Villach (sud de l’Autriche), un homme radicalisé, selon les autorités, a tué un adolescent et blessé cinq autres personnes en les attaquant au couteau avant d’être interpellé. Mais sans la réactivité d’Alaaeddin al-Halabi, Syrien de 42 ans résidant en Autriche qui passait par là au même moment, le bilan aurait pu être encore plus dramatique. Ce livreur de repas a «tout de suite compris ce qu’il se passait» en voyant «l’agitation» et a «immédiatement foncé sur» l’assaillant, le percutant avec son véhicule, a raconté l’homme cité par le Guardian.

Le porte-parole de la police autrichienne, Rainer Dionisio, a abondé lors d’un point presse : «C’était probablement un acte héroïque, oui. Cela a empêché que quelque chose de pire ne se produise.» Et le maire de Villach, Günther Albel, de saluer la bravoure d’Alaaeddin al-Halabi : «Nous sommes très reconnaissants envers l’homme qui est intervenu de manière désintéressée, courageuse et décisive.» Le gouverneur de l’Etat, Peter Kaiser, a également remercié l’homme, rappelant que son intervention «montre à quel point le mal terroriste mais aussi le bien humain peuvent être étroitement unis dans une seule et même nationalité».

«Les gens me voient comme un héros, mais je ne le vois pas comme ça», a déclaré Alaaeddin al-Halabi, avant de lancer un appel : «S’il vous plaît, si quelque chose comme ça se reproduit, vous devez faire quelque chose. Vous ne pouvez pas rester là, à prendre des photos et à faire des vidéos.» S’il est désormais reconnu en sa qualité de héros, cela n’a pas forcément été le cas dans le feu de l’action. Vu en train de foncer sur une personne avec sa voiture, Alaaeddin al-Halabi a été confondu avec un possible assaillant par certains badauds. Des «gens ont commencé à frapper mon véhicule», a-t-il relaté au quotidien régional autrichien Kleinen Zeitung. L’homme, qui a été obligé de s’enfermer dans l’habitacle, s’est dit «choqué», relate le Guardian. Il a par ailleurs expliqué à Reuters : «Des gens m’ont attaqué après l’incident. [Ils] pensaient que je menais une attaque comme celle qui s’est produite en Allemagne.» Jeudi, un demandeur d’asile Afghan de 24 ans a en effet foncé avec sa voiture sur une manifestation syndicale à Munich, tuant une fillette de 2 ans et sa mère de 37 ans, et blessant 37 autres personnes.

Au lendemain de l’attaque de samedi, la Communauté syrienne libre d’Autriche, un groupe de soutien aux Syriens, a exprimé son soutien aux familles des victimes et a tenu à rappeler les dizaines de milliers de Syriens qui vivent en paix dans le pays. «Nous avons tous dû fuir la Syrie, notre pays d’origine, car nous n’y étions plus en sécurité – personne n’a quitté son pays volontairement. Nous sommes reconnaissants d’avoir trouvé asile et protection en Autriche», a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux. «Nous tenons à souligner que quiconque provoque des conflits et perturbe la paix sociale ne représente pas les Syriens qui ont cherché et reçu une protection ici.»

La dernière attaque du genre sur le sol autrichien remonte à novembre 2020 : armé d’un fusil automatique et d’un faux gilet explosif, un homme qui avait tenté de rejoindre l’Etat islamique (EI) avait commis une attaque à Vienne. Il avait tué quatre personnes avant d’être lui-même abattu par la police. En août dernier, les autorités ont par ailleurs déjoué un projet d’attentat contre un concert de Taylor Swift d’un homme se réclamant de l’EI.

Les personnalités politiques autrichiennes de droite n’ont pas tardé à monter au créneau sur la question migratoire après l’attaque de samedi, qualifiée d’«islamiste» par le ministre de l’Intérieur du pays, Gerhard Karner. Fin 2024, l’Autriche faisait déjà partie des douze pays européens à suspendre le traitement des demandes d’asile des Syriens après la chute du régime Bachar al-Assad à Damas alors que la situation dans le pays reste incertaine. Qu’importe, les responsables autrichiens avaient déclaré qu’ils préparaient un programme de «rapatriement et d’expulsion» vers le pays.

Libération