«Henua» de Marin Ledun : drogue, braconnage et prostitution aux Marquises

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Quand on interroge son entourage, tout le monde semble aimer la jeune Paiotoka, et pourtant quelqu’un l’a tuée. Elle paraissait heureuse de vivre mais se débattait comme un diable pour s’en sortir, à l’image de son pays, Henua Enana, la Terre des Hommes, l’archipel des Marquises. Car, derrière la carte postale, la beauté des paysages, les hommes et les femmes qui posent pour les touristes, les fleurs et les tatouages, se cachent les méfaits de la colonisation, le mépris de la nature et la violence criminelle. Le nouveau roman de Marin Ledun est hanté par ces mensonges qui ont tant affaibli ce pays déjà fragile. «Veux-tu que je te dise /Gémir n’est pas de mise /Aux Marquises», écrivait Jacques Brel dans son ultime album, Marquises. Marin Ledun reprend ces vers à son compte dans Henua, une enquête bouleversante pétrie de secrets.

Le corps de Paiotoka a été découvert à Nuku Hiva dans les terres rouges, sur une zone boisée, en pente raide, parsemée de rochers et d’acacia. L’enquête est menée par le lieutenant Tepano Morel, un «demi», fils d’une Marquisienne et d’un père métropolitain. Il n’est jamais venu sur cette terre maternelle et reste méfiant, troublé par sa double identité. A ses côtés, Poerava Wong, une policière du coin, amie de Paiotoka, va l’aider à comprendre les enjeux politiques, sociologiques, culturels du pays. Morel, c’est un peu Marin Ledun, un peu son lecteur aussi, ignorant beaucoup de choses de ces îles qui comptent moins de huit habitants au km². Tout en suivant pas à pas son enquête, le romancier décrit les ravages des colonisateurs, les essais nucléaires dévastateurs, le mépris de l’écologie, de la culture ancestrale. Drogue, braconnage, prostitution sont les effets sournois de la pauvreté qui écrase les autochtones et les force à accepter l’inacceptable. Mais Henua est d’abord un roman noir qui n’a rien à voir avec un essai sociologique croulant sous la documentation. L’auteur a séjourné aux Marquises, ressentant une passion pour ces terres et leurs habitants. Il y a de l’émotion à chaque page, un respect littéraire extrême, une envie de faire partager ses sentiments.

On se dit que l’écrivain ne pense qu’à retourner là-bas et que la littérature sert à «ça» : permettre aux lecteurs de respirer le parfum boisé des graminées, écouter le chant des «upe», rassembler les graines de «poniu» pour fabriquer des colliers, comprendre la signification des tatouages et même apprendre quelques mots en marquisien pour épater Marin Ledun.

Libération

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