«Profanation», «sordide», «extrême» : un concert de Keiji Haino à la cathédrale de Metz déplacé sous la pression de paroissiens

«Profanation», «sordide», «extrême» : un concert de Keiji Haino à la cathédrale de Metz déplacé sous la pression de paroissiens

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La venue dans une église de Keiji Haino, figure majeure de la scène musicale underground japonaise, a fait scandale. Le chanteur devait se produire dans l’enceinte de la cathédrale Saint-Etienne de Metz le 14 mars, mais l’événement a été déplacé au centre Pompidou-Metz. Le tort de l’artiste est peut-être son apparence quelque peu extravagante, qui aurait effrayé certains paroissiens. Arborant inlassablement une longue tignasse de cheveux blancs, il se dissimule derrière d’épais verres noirs lors de ses performances. Mais au fond, rien de très sulfureux. Ou alors, c’est son style musical, qu’un paroissien affolé qualifie «d’extrême», sur les réseaux sociaux. Et d’ajouter : «Ce spectacle n’a rien à faire dans un lieu consacré à Dieu.»

Cette performance est «la plus sordide des profanations», s’inquiète un autre. Les publications sont assorties d’extraits de concerts de Keiji Haino, ou encore d’une vidéo dans laquelle un dénommé «Florent le Royaliste» vitupère face caméra contre l’artiste durant huit minutes, martelant que «c’est quelque chose d’affreux !», tous ces «cris inarticulés, gémissements», extraits de performances de l’artiste à l’appui. La vidéo est relayée par plusieurs paroissiens et vue des dizaines de milliers de fois.

Cette annulation n’est ni du fait du diocèse de Metz, comme celui-ci l’affirme, ni du fait de la cathédrale Saint-Etienne. «C’est le centre Pompidou qui a décidé de reporter le concert dans leur lieu», relate le doyen Didier Schweitzer. «De notre côté, nous avions donné notre feu vert. Nous avions eu des échos positifs au sujet de l’artiste, qui s’était engagé à respecter» l’édifice religieux, ajoute-t-il. Lui soutenait cette initiative artistique, assurant que «la culture est justement une porte d’entrée vers Dieu» et que «l’art est universel». Mais à l’annonce du concert, il témoigne avoir reçu plusieurs messages de paroissiens mécontents, trouvant la musique de Keiji Haino «agressive et areligieuse».

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Les raisons invoquées par le centre Pompidou sont les «risques de manifestations ou de trouble à l’ordre public» suggère l’homme d’Eglise. En effet, des appels à la mobilisation se sont multipliés en ligne dernièrement. Les numéros de téléphone et mails du diocèse et de la cathédrale circulaient, assortis de messages de la sorte : «Pour empêcher ce scandale, svp contactez l’évêché !» De même, ledit «Florian» dans sa vidéo appelle à contacter l’évêque «avec courtoisie» pour l’alerter du danger de ce concert «satanique». De son côté, le lieu culturel explique dans un communiqué avoir pris cette décision «dans le souci de préserver l’événement comme un moment de partage», souhaitant rester fidèle à son «engagement pour la liberté de création et le respect des différents langages artistiques», sans élaborer sur les motivations exactes.

Les paroissiens se félicitent désormais sur les réseaux sociaux que leur mobilisation ait permis d’annuler la tenue du concert. Charlotte Picard, conseillère municipale de Metz (PS), y déplore quant à elle cette annulation, survenue «parce que quelques bas du front voient notre cathédrale comme leur propriété». Au sujet de l’artiste, «non, il ne fait pas de “musique catholique”», tout comme «Jean-Sébastien Bach» qui «était luthérien», et qui est «révéré dans les églises», s’agace-t-elle. «Face à l’intégrisme, quel qu’il soit, nous devons nous lever.»

En 2023, le chanteur Bilal Hassani devait également se produire à Metz, au sein de l’église Saint-Pierre-aux-Nonnains. L’événement avait été annulé après la mobilisation d’un collectif catholique identitaire. En outre, l’artiste avait été la cible de nombreuses attaques, qui avaient donné lieu en 2025 à la condamnation de quatre hommes pour des faits de provocation à la haine à son encontre.

Libération

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