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Décisives. On le dit à chaque rendez-vous électoral outre-Rhin, tant l’Allemagne, première puissance économique du continent, occupe depuis le début de la construction européenne une place centrale, et tant le «moteur» franco-allemand, dans cette histoire commune, a joué un rôle plus que déterminant. Mais le contexte international dans lequel elles se déroulent rend les législatives allemandes de ce week-end encore plus décisives que d’habitude. Les prémices d’un renversement d’alliances mis sur la table par Donald Trump et son rapprochement avec Moscou sur le dos de l’Ukraine mettent à la fois l’Europe au pied du mur de ses faiblesses diplomatiques et militaires, et donc, par ricochet, l’Allemagne au pied des impasses de sa propre identité politique née de l’après-guerre. Pour résumer, l’Europe est incontestablement à un tournant de son histoire, mais ce tournant, elle ne pourra le prendre que si l’Allemagne amorce le sien.
C’est précisément ce que n’a pas su faire Olaf Scholz. Le chancelier social-démocrate, donné battu ce week-end par son adversaire de la CDU, Friedrich Merz, a pêché pendant son mandat par conservatisme économique et budgétaire. Il n’a pas su non plus dépasser le pacifisme au cœur de l’identité allemande depuis la tragédie du nazisme. Son probable successeur a laissé entendre pendant la campagne qu’il serait plus ouvert à l’idée d’avancer sur la défense européenne. Il y a urgence, même si l’Allemagne n’est évidemment pas la seule responsable de l’impuissance européenne sur la scène internationale.
Une précision : si l’Allemagne doit évoluer pour aider l’Europe à s’émanciper du bouclier protecteur américain, elle devra le faire, comme la France d’ailleurs, en intégrant que le centre de gravité de ces enjeux diplomatiques et militaires s’est singulièrement déplacé vers le nord-est, et notamment la Pologne.
Enfin, dimanche, la progression de l’extrême droite allemande sera regardée de très près. Car derrière cet enjeu de politique intérieure, notamment sur les questions migratoires, le score de l’AfD sera aussi un indicateur de la résistance allemande au vent mauvais qui souffle outre-Atlantique, Elon Musk et J.D. Vance, le vice-président américain, ayant apporté leur soutien à la formation d’extrême droite allemande.
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