Alexandre Pouchkine a vécu et fini, tué en duel par un gandin réactionnaire français, Georges d’Anthès, sous ce régime de vieille et persistante tradition russe : la tyrannie. D’Anthès, qui avait quitté la France en 1832 après avoir trempé dans les conspirations ultraroyalistes, était devenu l’amant de l’ambassadeur de Hollande à Saint-Pétersbourg (qui en fera son fils adoptif), et il courtisait parallèlement la jeune et jolie femme de Pouchkine, Natalia Gontcharova. Une lettre anonyme assez vulgaire annonça à l’écrivain, sans doute à tort plus qu’à raison, qu’il était cocu. Pouchkine avait des ennemis, il est possible que ce soit une manœuvre de cour. Le tsar Nicolas Ier, un autocrate «qui n’était pas intelligent, mais calculateur, rusé et mesquin», courtisait lui aussi Gontcharova. Il était à la fois fasciné et agacé par Pouchkine, qu’il maintenait comme une souris récalcitrante entre ses griffes. A-t-il trempé dans cette affaire ? On n’en sait rien. Les fondements de son règne, résume André Markowicz dans son Dictionnaire amoureux de Pouchkine, étaient «un pouvoir tout-puissant, conçu comme issu directement de Dieu lui-même et donc un pouvoir tout-puissant de l’Eglise (une Eglise aussi corrompue que le reste de l’appareil d’Etat) – et ce que je traduit par «principe national» […], c’est-à-dire tout ce qui caractérise la nation, l’essence de la nation, et celle, évidemment, de la Russie, dans un Empire qui n’était qu’un conglomérat de nations conquises et

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