Restitution de bronzes du Bénin : l’élan européen se poursuit

Restitution de bronzes du Bénin : l’élan européen se poursuit

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Après la France, la Belgique et l’Allemagne, c’est au tour des Pays-Bas de faire amende honorable. Les autorités néerlandaises ont annoncé mercredi 19 février qu’elles allaient restituer au Nigeria des «bronzes du Bénin» pillés par les troupes du Royaume-Uni à la fin du XIXe siècle. «Avec cette restitution, nous contribuons à réparer une injustice historique qui est encore ressentie aujourd’hui», a déclaré Eppo Bruins, ministre néerlandais de l’Education, de la Culture et des Sciences.

En 1897, des soldats britanniques volent d’anciennes sculptures au royaume du Bénin, situé dans l’actuel Nigeria – à ne pas confondre avec le Bénin actuel qui lui, faisait partie du royaume du Dahomey. Créées entre le XVIe et le XVIIIe siècle, les œuvres pillées ont par la suite été vendues aux Pays-Bas et sont depuis exposées au Wereldmuseum, musée d’ethnologie, dans la ville de Leyde. Ces bronzes du Bénin désignent un ensemble d’objets parfois fabriqués en ivoire, en cuir, en corail ou en bois. Ils témoignent de l’histoire du royaume du Bénin.

Ces 113 pièces, représentant des figures de la cour royale, des animaux et des éléments symboliques, sont la plus importante restitution d’œuvre au Nigeria. Leur retour est très attendu dans le pays. En 2026, les artefacts restitués seront exposés au musée Edo d’art ouest-africain à Benin City. Le directeur général de la commission nationale nigériane pour les musées et les monuments, Olugbile Holloway, espère que la décision des Pays-Bas «sera un bon exemple pour d’autres pays dans le monde».

En 2022, la Belgique a adopté une loi consacrée à la restitution des biens culturels liés à son passé colonial allant de 1885 à 1960. Pierre Noual, auteur du livre Restitutions : une histoire culturelle et politique, estime que Paris devrait faire de même. D’après lui, cela simplifierait les accords de restitution et donnerait l’occasion aux pays dont les œuvres ont été pillées d’entreprendre des demandes plus simplement.

La France a été le premier pays à entamer des démarches de restitutions d’art africain à leur pays d’origine. Le film Dahomey de Mati Diop explore d’ailleurs cette thématique. Si des pays comme les Pays-Bas, la Belgique ou l’Allemagne suivent le mouvement, le Royaume-Uni reste à la traîne. Cela fait près de 40 ans que la Grèce réclame au British Museum de Londres de lui restituer les parties de la fresque du Parthénon qu’il expose. Le musée s’y oppose, tout comme il refuse de restituer sa collection de bronzes du Bénin qui, avec ses 900 pièces, est la plus importante du monde.

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Le pays s’appuie sur une loi de 1963, qui l’empêcherait de rendre les œuvres spoliées à leur pays d’origine. Pourtant le musée Horniman de Londres a accepté de restituer 72 œuvres au Nigeria, dont des bronzes du Bénin. Autre argument de défense : la popularité du musée qui accueille 4 millions de visiteurs par an, ce qui permettrait que les œuvres soient vues par un plus grand nombre de personnes. Ce qui reste à démontrer : selon Dan Hicks, conservateur au Pitt Rivers Museum et auteur d’un livre sur les Bronzes de Bénin intitulé The Bruthish Museums, moins de 1 % de ces objets pris sous le colonialisme sont exposés. Ils sont dans les réserves, sans être répertoriés. Certaines œuvres sont enfermées dans des boîtes qui n’ont pas été ouvertes, depuis parfois plus d’un siècle.

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