Liminianas, les voix du garage

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Certainement une anomalie. Dans un univers musical où brillent des comètes flamboyantes à la trajectoire souvent éphémère (le mot «carrière» a-t-il encore un sens ?), Lionel et Marie Limiñana évoluent résolument hors du «game». Quinquagénaires, quinze ans de garage-punk sous l’appellation The Limiñanas, dont une grande partie dans un relatif anonymat, avant l’accélération. En 2017, avec Shadow People, le secret le mieux gardé du rock français éclate enfin. Cabestany, leur village natal près de Perpignan, devient l’épicentre d’un monde où rayonnent garage, sixties, punk et psyché. Depuis ? Le projet L’Épée avec Emmanuelle Seigner et Anton Newcombe (Brian Jonestown Massacre), une avalanche de BO, des productions pour d’autres, des Wampas à Brigitte Fontaine, et même un disque magistral avec le pape de la techno, Laurent Garnier. Conséquence d’un planning plus chargé que l’autoroute du soleil un 1er août : Faded est leur premier album sous leur nom depuis sept ans. Et inutile de tourner autour du pot, c’est leur meilleur.

Sans doute parce qu’il condense, en treize titres, la somme de ces expériences. Ambiances cinématographiques, science hypnotique de la boucle, featurings subtils – qu’il s’agisse de «stars» (Jon Spencer, Bobby Gillespie, Bertrand Belin) ou d’illustres inconnues (Penny, Sylvia) – humour tranchant, vibration rock : jamais leur marque de fabrique DIY n’a été aussi puissante. Construit autour du fil rouge de la mélancolie du temps qui passe et de ces actrices des années 50 et 60 disparaissant des écrans au gré de leur beauté fanée (d’où le titre), l’album s’écoute comme un film à sketches italien, où le (sou)rire flirte toujours avec les larmes. En dehors de tout mouvement à la mode, le duo affiche serein un bluffant épanouissement artistique. Si, dans le disque, l’inimitable Bertrand Belin clame ironiquement J’adore le monde, nous, c’est bien les Limiñanas qu’on adore.

Avec New Age, une des ­sources d’inspiration de cet album des Limiñanas. Mais le reste n’est pas mal non plus.

Minimalisme garage et puissante ambiance psyché. Un duo français au statut culte bien au-delà de nos frontières.

Parmi les dignes représentants de cette nouvelle sève rock qui irrigue de plus en plus notre pays. Ceci n’est pas une blague.

Libération

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