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L’attentat qui a fait un mort et cinq blessés samedi à Mulhouse (Haut-Rhin) s’est déroulé en l’espace d’une «dizaine de minutes» avant que des policiers municipaux parviennent à maîtriser le suspect, selon le récit qu’en a fait le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qui s’est rendu sur place samedi dans la soirée.
Samedi après-midi, peu avant 16 heures, en marge d’une manifestation en soutien au Congo, non loin du marché couvert de Mulhouse, un homme, armé d’un couteau et d’un tournevis, s’en est pris à des passants. Selon des témoignages concordants obtenus par l’AFP, l’assaillant a crié «Allah u akbar» à plusieurs reprises. L’un des passants agressé a succombé à ses blessures après avoir été frappé à plusieurs reprises. Dix minutes après le début de l’attaque, l’assaillant a été arrêté par des policiers municipaux. «Ils l’ont fait avec un sang-froid absolument remarquable, a détaillé le ministre de l’Intérieur. Parce que l’individu, évidemment, était très, très dangereux […] Et il s’est dirigé vers un policier qui a sorti son arme […] Il n’a pas tiré parce que son camarade l’a prévenu : il y avait un environnement, il y avait l’heure, beaucoup de monde, le marché. Et il a préféré ranger son arme. Et ils l’ont neutralisé avec une matraque. Ça témoigne d’un très grand professionnalisme. Ça témoigne d’un grand sang-froid et de beaucoup de courage».
Un homme de 69 ans, de nationalité portugaise, a été frappé à plusieurs reprises et est mort des suites de ses blessures. «Une personne civile qui s’est interposée est décédée», a précisé le Parquet national antiterroriste mais selon Bruno Retailleau, «on ne sait pas s’il s’est trouvé par hasard sur son chemin ou s’il a fait un acte de bravoure en s’interposant». Deux policiers municipaux ont été grièvement blessés, l’un «à la carotide», l’autre «au thorax», selon le procureur Nicolas Heitz. Ils ont été hospitalisés mais l’un d’eux, blessé au thorax, a pu quitter l’hôpital dans la soirée, tandis que l’autre, blessé au cou, doit être transporté dimanche dans un autre hôpital, à Colmar, préfecture du Haut-Rhin. Trois autres policiers municipaux auraient été plus légèrement atteints, a précisé le procureur.
Agé de 37 ans, il est né en Algérie et était «fiché au FSPRT», le fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, a annoncé le procureur. Il est «arrivé illégalement sur le territoire français en 2014», selon Bruneau Retailleau. Il avait été interpellé fin 2023 peu après le massacre du 7 octobre en Israël, puis condamné à six mois de prison pour apologie du terrorisme. Dans le cadre de cette procédure, il avait fait l’objet d’une expertise «qui avait détecté un profil schizophrène», selon le ministre, ce qui donne à son acte «une dimension psychiatrique».
A sa sortie de prison, il faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). L’homme avait été placé dans un centre de rétention administrative mais l’Algérie a refusé de le reprendre «à dix reprises», d’après Bruno Retailleau. Il avait ensuite été assigné à résidence avec une obligation quotidienne de pointer au commissariat.
Le parquet national antiterroriste (Pnat) a annoncé se saisir de l’enquête, ouverte pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste et tentative d’assassinats sur personnes dépositaires de l’autorité publique, en relation avec une entreprise terroriste.
«L’horreur vient de saisir notre ville», a déploré dans un message posté sur Facebook la maire de la ville, Michèle Lutz. «La piste terroriste semble être privilégiée pour le moment. Cela doit naturellement être confirmé sur le plan judiciaire», a-t-elle ajouté. Présent au Salon de l’agriculture, Emmanuel Macron a adressé ses «condoléances» à la famille de la victime et exprimé la «solidarité de toute la nation». «Le fanatisme a encore frappé et nous sommes en deuil», a réagi le Premier ministre, François Bayrou, qui a adressé ses «félicitations aux forces de l’ordre pour leur intervention rapide».
Le précédent attentat signalé en France remontait au mois dernier, lorsqu’un homme de 32 ans avait blessé au couteau une personne en criant «Allah Akbar» dans un supermarché d’Apt (Vaucluse). Fin janvier, le procureur antiterroriste, Olivier Christen, avait souligné que «l’absence de décès des suites d’une action terroriste en 2024 en France ne (reflétait) pas une diminution du risque terroriste», rappelant que neuf attentats avaient été déjoués l’an dernier.
En 2024, 85 enquêtes préliminaires ont été ouvertes par le Pnat, dont 66 «pour le seul contentieux jihadiste, en augmentation de 70 % par rapport à 2023», avait relevé Olivier Christen. Le précédent attentat mortel en France était celui de la tour Eiffel, qui avait fait un mort et deux blessés en décembre 2023 à Paris.
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