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Elle n’en finit plus d’impressionner. Comme aux Mondiaux de 2024, la délégation française a écœuré les autres nations durant toute la quinzaine sur le pas de tir de Lenzerheide. La course de clôture ce dimanche 23 février, la mass-start hommes, est une anomalie. La seule de la quinzaine où aucun drapeau bleu-blanc-rouge n’apparaît sur le podium final. Qu’importe, la France repart de Suisse en égalant son record de l’année dernière : 13 médailles, en tête du tableau devant le rival norvégien qui n’en a décroché «que» 9.
Une nouvelle avalanche de médailles qui laissent entrevoir de grandes ambitions aux JO de Milan-Cortina d’Ampezzo, dans douze mois. La France, forte de ses 6 médailles d’or en douze courses aux Mondiaux 2024, déboulait sur le pas de tir suisse avec l’étiquette de la nation à battre. «Ce n’est pas un poids supplémentaire d’être la meilleure nation. C’est justement un atout pour moi, il faut en profiter. Il faut faire peur aux adversaires», affirmait jeudi plein d’ambition Quentin Fillon-Maillet. Et les Bleus ont continué de terroriser leur monde jusqu’au bout. Les Françaises ont encore particulièrement brillé, avec six médailles dont 3 titres en or sur 5 possibles. Un total fou, alors même que la numéro 2 mondiale Lou Jeanmonnot a déçu en individuel : la biathlète originaire du Doubs de 26 ans n’a accroché qu’une médaille de bronze.
Mais derrière elle, les Bleues bénéficient d’un «groupe dense avec cinq filles dans le top 10 mondial, ça démontre la régularité», se félicite leur entraîneur, Cyril Burdet. Et encore, ses deux têtes d’affiche, Julia Simon et Justine Braisaz-Bouchet, étaient sur courant alternatif depuis le début de la saison. Elles ont toutes les deux ressuscité à Lenzerheide. La première repartant avec quatre médailles d’or dont une en individuel. A 28 ans, la Savoyarde se hisse déjà dans un cercle très restreint du biathlon français, en devenant la troisième biathlète la plus titrée aux Mondiaux. Braisaz-Bouchet repart avec deux médailles en or et une en bronze. Toujours en délicatesse avec son tir, la Française a en revanche fait forte impression sur les skis, en réalisant plusieurs chronos ahurissants.
Certes les Norvégiennes Tiril Eckhoff et Marte Olsbu Røiseland ou l’Allemande Laura Dahlmeier ont pris leur retraite et laissé des places à prendre sur le podium. Mais la concurrence s’est renouvelée, entre l’Allemande Franziska Preuss, numéro une du circuit, d’une grande régularité cet hiver, et la jeune génération incarnée par la Suédoise Elvira Öberg, 23 ans, ou la Française Océane Michelon, 22 ans et 6e mondiale, qui ne cesse de monter en puissance. Dimanche, la Française a réalisé la meilleure course de sa carrière en arrivant en deuxième position à la mass-start derrière Elvira Öberg.
L’autre bonne nouvelle concerne le groupe masculin, qui retrouve des couleurs après deux années compliquées (5 médailles, dont une en or). A l’image de Quentin Fillon-Maillet, en difficulté depuis sa saison explosive en 2022, et qui repart avec cinq médailles dont deux titres. L’équipe de France a aussi pu compter sur d’autres atouts pour faire vaciller la mainmise de l’ogre norvégien Johannes Bø (3 titres), comme Eric Perrot, 23 ans, champion du monde pour la première fois sur l’individuel (20 km). Ou encore le jeune Emilien Claude, 22 ans, impeccable pour son premier relais mondial. Dans le lot, seul Emilien Jacquelin a vraiment déçu. Hormis un titre en relais mixte, le désormais quintuple champion du monde est passé à côté de ses courses en solo.
Durant les Mondiaux, les Bleus ont glissé tout schuss sur la piste, grâce au travail des techniciens sur le fartage des skis. Ils ont enchaîné les meilleurs temps aux relais mixte, sprint féminin, poursuite homme, individuels femme et homme. «C’est magique, on avait encore une fois des super skis», avait souligné Eric Perrot après son titre sur l’individuel (20 km) mercredi. «Ils vont finir par nous détester», avait ironisé l’entraîneur du tir féminin Jean-Paul Giachino, à propos des autres équipes, à la peine dans la station des Grisons, à 1 500 m d’altitude, où le mercure a flirté avec les 8 degrés et où la neige n’est tombée que par intermittence sur la quinzaine.
La belle moisson s’explique aussi par l’hégémonie française en relais, avec trois titres raflés sur quatre. La médaille d’argent du relais masculin fait presque office de déception – ils ont remporté la totalité des courses de l’hiver dans cette discipline. Simon Fourcade, l’un des autres entraîneurs de l’équipe de France et frère de, loue l’esprit de «camaraderie» du groupe qui décompresse tous les soirs en s’adonnant aux fléchettes dans le couloir de l’hôtel. «L’an dernier, ils ont beaucoup pris sur eux, ils sentaient qu’ils n’avaient pas forcément les armes pour rivaliser [avec les Norvégiens]», se souvient l’entraîneur français. Là, la donne a changé, et elle sera encore différente l’année prochaine puisque la Norvège s’avancera sur le pas de tir des Jeux d’hiver amputée des frères Bø, les deux partant en retraite à l’issue de la saison. De quoi espérer encore mieux en 2025.
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