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C’est Volodymyr Zelensky qui, dès les premières heures de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, avait le premier compris la vraie nature de ce que Vladimir Poutine appelait alors une simple «opération spéciale». A travers l’Ukraine, c’est l’Europe tout entière qui est visée, avait alerté le président ukrainien, si celle-ci ne nous aide pas, elle sera la prochaine cible de Moscou. Trois ans jour pour jour après ce terrible 24 février 2022, les Européens donneraient sans doute beaucoup pour rembobiner le film des événements. Et sans doute se montreraient-ils bien plus intransigeants vis-à-vis de la Russie, de son président et de ses oligarques, et surtout bien plus efficaces et généreux dans leur défense du territoire ukrainien.
Certes, ils ont fait beaucoup, et certainement bien plus que ne l’imaginait Vladimir Poutine qui espérait voir imploser l’Europe sur la question de l’aide à l’Ukraine – ce qui n’a pas été le cas – mais l’on réalise aujourd’hui à quel point cette aide s’est montrée insuffisante. Il aurait fallu durcir bien plus vite les sanctions contre le régime de Poutine, se décider bien plus rapidement à envoyer des avions de combat et les armes réclamées par l’Ukraine. L’Europe y est allée sûrement mais lentement et voilà où nous en sommes, trois ans plus tard : «en route vers la troisième guerre mondiale», comme nous l’a confié, jeudi à Paris l’écrivain ukrainien Andreï Kourkov.
Bien sûr, il y a trois ans, les Etats-Unis étaient dirigés par un démocrate, à tous les sens du terme, et bien peu imaginaient qu’il puisse être remplacé par un homme aussi peu fiable que Donald Trump, un homme capable de se coucher devant Vladimir Poutine, jusqu’à céder à ses moindres diktats et tenter – honte suprême – de monnayer son aide militaire à l’Ukraine comme un simple marchand de pacotilles. Le nouveau président américain ne comprend que l’instant présent et les liasses de billets agitées sous ses yeux, après lui le déluge, il ne perçoit pas que le déluge pourrait l’emporter à son tour s’il laissait Poutine triompher. Trois ans après, est-il encore possible de sauver l’Ukraine, et l’Europe, des griffes de l’ours russe ? Il n’y a pas le choix, il faut penser à ces dizaines de milliers d’Ukrainiennes et d’Ukrainiens morts pour protéger leur pays et à ceux qui continuent à se battre malgré l’épuisement. A Volodymyr Zelensky qui n’a jamais montré sa peur, même quand il se savait dans le viseur du Kremlin, et qui n’a pas hésité dimanche à mettre son poste dans la balance si cela pouvait protéger l’Ukraine.
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