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On appelle ça un effet d’aubaine… IXCHIQ, un vaccin contre le chikungunya, commercialisé par les laboratoires Valneva et autorisé en juillet à être mis sur le marché par l’Union européenne, n’est toujours pas remboursé en France. Les pharmaciens ont donc le droit de le vendre au prix qu’ils le souhaitent. C’est peu dire qu’à la Réunion, ils profitent de cette liberté.
«Il est super cher», nous prévient d’ailleurs discrètement la vendeuse d’une officine du sud-ouest de l’île. Il faut effectivement débourser non pas 150 euros, comme indiqué jusque-là dans les médias, mais 250 euros ! «Le prix annoncé était hors taxe, sans nos marges et avant que les grossistes n’augmentent leurs tarifs», se justifie un pharmacien, qui a souhaité rester anonyme. Effectivement, chez Pharmar, un des trois grossistes en médicaments du département d’outre-mer, on vend désormais le vaccin 180 euros hors taxe, soit 20 % d’augmentation en quelques jours, accuse un pharmacien. Les deux autres grossistes seraient en rupture de stock. Face à ces tarifs, des patients s’insurgent, comme le reconnaît un pharmacien : «Il y a une pression énorme au comptoir, on nous accuse de se faire de l’argent sur leur dos.»
Marylise, qui a encore en mémoire le traumatisme des années 2005-2006, quand plus de 30 % des Réunionnais avaient contracté la maladie de «l’homme courbé» lors d’une première épidémie, s’indigne : «Faudrait peut-être penser à rembourser le vaccin, vu le taux de pauvreté ici ! Les gens n’ont pas les moyens de mettre cette somme.» La mère d’un petit garçon a contacté l’agence régionale de la santé (ARS) à ce sujet. La réponse n’a pas vraiment rassuré l’habitante de Saint-Denis. «La Haute Autorité de santé mène actuellement des travaux afin d’évaluer la place de ce vaccin dans la stratégie vaccinale en cas d’épidémie de La Réunion», lui a indiqué le service communication, qui renvoie donc à un avis de l’instance nationale, attendu fin février.
Or le préfet de la Réunion a déclenché en janvier le niveau 3 du plan Orsec «arboviroses», pour tenter de contrer l’épidémie provoquée par Aedes Albopictus, le moustique porteur du virus incriminé. Depuis le 23 août 2024, 1 069 cas ont en effet été recensés, avec 362 nouveaux habitants piqués et contaminés en une semaine, contre 204 la semaine précédente ; 21 des 24 communes de l’île sont touchées et les experts n’attendent le pic qu’en mai prochain.
Dès le 24 décembre dernier, le député réunionnais Perceval Gaillard (LFI) avait posé une question écrite à la ministre de la Santé pour souligner «l’importance d’une décision prompte permettant de rendre le vaccin remboursable par l’assurance maladie». Et d’ajouter : «Il convient d’agir au plus vite.» Sabine Lény, présidente du syndicat des pharmaciens de La Réunion et de Mayotte, doit rencontrer cette semaine les représentants de la Sécurité sociale et de l’ARS «pour trouver une solution sanitaire». Contactée, la Haute Autorité de santé confirme qu’elle rendra son avis «prochainement», avis qui devrait préciser quel public prioriser et quel territoire serait concerné par un éventuel remboursement. Sans doute La Réunion et Mayotte et les patients de plus de 18 ans.
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