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Les services secrets s’inspirent les uns des autres. Après les bipeurs du Mossad, voici les lunettes de pilotage de drone russe piégées par les renseignements ukrainiens. C’est ce que met en avant le New York Times dans un article publié le 20 février. Un officier du renseignement ukrainien a révélé au quotidien américain les contours d’une opération actuellement menée par les services secrets : des milliers de lunettes destinées aux opérateurs russes ont été piégées par Kyiv avant d’être envoyées à l’armée du Kremlin.
Depuis plus d’un mois, des rumeurs circulaient côté russe. Dans les médias et au sein des troupes mobilisées sur le front, on évoquait des opérations de sabotage. «Attention à une opération de sabotage en cours. Des lunettes pour les opérateurs de drones explosent lorsqu’on les allume», mettait ainsi en garde au début du mois de février sur Telegram Igor Potapov, un représentant de la société russe d’équipements militaires et de protection JSC NPP. Une même alerte était partagée par l’agence Tass le 7 février, faisant état de «détonation» au moment de la mise en marche d’un certain lot de lunettes utilisé par les pilotes de drones russes.
Selon le New York Times, ce sabotage concernerait des milliers de ces équipements indispensables pour diriger les drones Skyzone Cobra X V4. Des lunettes fabriquées en Chine et prisées par l’armée russe car peu chères.
«C’est la première opération de ce genre. D’autres suivront, qui démontreront que nous pouvons frapper les forces russes aussi bien en Ukraine que jusqu’en Sibérie», ont ainsi souligné des sources proches des services de renseignement ukrainiens auprès du média ukrainien Suspilne.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs vidéos partagées par des soldats sur le front montrent la découverte de ces dispositifs. On y voit les soldats déballer leur équipement de pilotage et repérer de la poudre explosive dissimulée dans le casque et les lunettes.
Selon un compte Telegram russe spécialisé dans le suivi du conflit et mentionné par le grand quotidien américain, chaque lunette de visée piégée contenait jusqu’à quinze grammes d’explosifs plastiques et de détonateurs. Les explosifs étaient emballés dans des boîtes fabriquées à grâce à des imprimantes 3D et installés à la place d’un ventilateur. Les opérateurs de la chaîne Telegram assurent par ailleurs que les lunettes avaient été distribuées par des volontaires «à leur insu». Ils ont qualifié la tentative d’attaque de «massive». Selon eux, l’armée russe s’est en effet plainte de «multiples cas» d’explosion de lunettes.
D’après le haut responsable ukrainien cité par le New York Times, les services ukrainiens ont eu l’idée de piéger les équipements russes après l’opération des bipeurs menée par Israël contre le Hezbollah libanais en septembre dernier. Jusqu’à 3 000 officiers et membres du Hezbollah – pour la plupart des figures de second plan – furent tués ou mutilés après l’explosion de ces dispositifs, ainsi que des victimes civiles. Cette mission, planifiée de longue date et sans précédent, avait été déclenchée à distance par le Mossad le 17 septembre.
Du côté russe, aucun blessé ni mort n’a été signalé après l’explosion d’une lunette piégée. Toutefois, le haut responsable ukrainien assure au New York Times qu’il y a bien eu des victimes, mais qu’il est impossible de divulguer un quelconque bilan car l’opération est en cours.
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