Allemagne : les leçons des législatives en quatre infographies

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A chaque élection, certains commentateurs sont bien prompts à critiquer les sondages électoraux. Cette fois-ci pourtant, ils avaient vu juste. L’alliance conservatrice CDU/CSU – le parti de l’ex-chancelière, Angela Merkel – remporte les élections législatives, avec moins de 30 % des voix exprimées tandis que le SPD d’Olaf Scholz, le chef de gouvernement sortant, n’arrive qu’en troisième position. Enfin, le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) fait une percée historique en obtenant environ un cinquième des suffrages.

Ces élections législatives fédérales interviennent moins de quatre ans après le dernier scrutin, organisé à l’automne 2021. Initialement, le renouvellement du Parlement allemand était annoncé pour la fin septembre 2025, mais cet hiver, la coalition gouvernementale a explosé suite à de nombreux désaccords entre les troupes d’Olaf Scholz et celles du ministre des Finances libéral, Christian Lindner. La chute de cet accord de gouvernement imposait l’organisation d’élections anticipées qui se sont donc déroulées ce dimanche 23 février. A la sortie des urnes, les résultats sont sévères pour les trois partis de la coalition sortante qui n’ont reçu que 32 % des suffrages (contre 52 % il y a quatre ans). Le résultat est particulièrement compliqué pour le FDP, le parti de Christian Lindner, qui n’obtient même pas 5 % des voix exprimées.

Le nombre de voix reçues par la coalition au pouvoir s'est effondré entre 2021 et 2025.
Le nombre de voix reçues par la coalition au pouvoir s’est effondré entre 2021 et 2025.

Avec un score aussi médiocre, le FDP n’aura aucun représentant à la chambre lors de la prochaine législature. En effet, le système électoral allemand fonctionne sur une base de proportionnelle : avant de glisser leur bulletin dans l’urne, les électeurs votent d’abord pour un candidat et ensuite pour une liste, qui peuvent être de deux bords politiques différents. Environ 300 députés sont élus au scrutin majoritaire, c’est-à-dire que le candidat arrivé en tête dans chaque circonscription l’emporte. Le reste des sièges est attribué proportionnellement en fonction du vote partisan… à condition d’obtenir au moins 5 % des suffrages. Ce n’est donc pas le cas des libéraux, ni celui du parti populiste de Sahra Wagenknecht, qui réalise son meilleur score avec 4,97 % des voix.

On s’achemine donc vraisemblablement vers le retour d’une coalition entre les conservateurs et les sociaux-démocrates – un schéma que les Allemands connaissent très bien. La dernière fois que ces deux partis ont gouverné ensemble, c’était entre 2013 et 2021, autour d’Angela Merkel, donc.

Avec 328 sièges sur 630, la CDU/CSU et le SPD ont tout juste de quoi former une coalition gouvernementale.
Avec 328 sièges sur 630, la CDU/CSU et le SPD ont tout juste de quoi former une coalition gouvernementale.

Les perdants seront les gagnants

Si ces deux partis ont obtenu suffisamment de sièges pour prendre le contrôle du Bundestag, ils ressortent de ces élections plus affaiblis que jamais. Après moins de quatre ans à la tête de l’Etat fédéral allemand, le parti social-démocrate réalise son pire score depuis les élections de 1949. Son score a par ailleurs été divisé par deux et demi depuis le début des années 2000.

Le tableau pourrait sembler légèrement plus reluisant pour les conservateurs de la CDU/CSU qui remportent ces élections, mais là encore, le constat est plus nuancé qu’il n’y paraît. Avec 28,5 % des suffrages, ils font sensiblement mieux qu’en 2021, mais ils réalisent tout de même leur deuxième pire score de l’histoire allemande récente. A titre de comparaison, sous le leadership d’Angela Merkel, le parti avait systématiquement obtenu plus d’un tiers des suffrages.

Friedrich Merz, le chef de file de la CDU/CSU aura donc fort à faire pour convaincre les électeurs allemands. Sa principale mission : mettre fin à la récession économique à laquelle son pays fait face pour la deuxième année consécutive. Lors de la campagne, il a présenté son programme “d’Agenda 2030” – une référence à l’Agenda 2010, le programme de libéralisation de l’ex-chancellier social-démocrate Gerhard Schröder – qui prévoit entre autres, une baisse des impôts, un allégement de la bureaucratie et des coupes dans le budget des ministères sociaux.

Une carte électorale fracturée

L’analyse de la carte électorale montre la persistance de divisions profondes entre l’ancienne République fédérale allemande (RFA, à l’ouest) et l’ancienne République démocratique allemande (RDA, à l’est). D’un côté, la CDU/CSU est quasi systématiquement arrivée en tête, à l’exception de quelques centres urbains qui ont plébiscité des partis de gauche. De l’autre, l’AfD a amélioré son score de 2021 et remporte la quasi-totalité des circonscriptions est-allemandes.

La rhétorique populiste et xénophobe du parti d’Alice Weidel s’est durablement enracinée dans les Länder plus défavorisés de l’est, mais elle peine encore à convaincre les provinces plus industrialisées de l’ouest et du sud. Lors de la campagne, le parti avait notamment bénéficié du soutien du milliardaire Elon Musk qui avait pris la parole lors de plusieurs rassemblements de campagne. Avec ses 152 députés au Bundestag, il sera sans aucun doute la première force d’opposition à la coalition gouvernementale. C’est la première fois que le parti se retrouve dans cette position.

L’Express

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