A la cour criminelle du Vaucluse,
Une agitation un peu plus prononcée qu’à l’accoutumée occupait ce mercredi matin la salle des pas perdus du tribunal d’Avignon. Et pour cause : un peu plus d’un mois et demi après sa dernière audition, Gisèle Pelicot était de retour à la barre de la cour criminelle. Une date qui ne doit rien au hasard : un peu plus de la moitié des 51 hommes accusés de l’avoir violée sur proposition de son mari ont déjà été entendus.
« Aujourd’hui, je suis une femme totalement détruite. Je ne sais pas comment je vais me reconstruire. J’ai 72 ans, et je ne sais même pas si ma vie sera assez longue pour y parvenir », a confié Gisèle Pelicot avec l’assurance de celle qui sait que, désormais, elle combat peut-être plus pour les autres que pour elle-même.
« J’avais le même à la maison »
Depuis l’ouverture de ce procès dit des « viols de Mazan », Gisèle Pelicot a pu mesurer l’ampleur de la culture du viol qui parcourt nos sociétés. « Quand j’entends ces jeunes femmes [compagnes d’accusés] venus témoigner en disant que leur mari est formidable, et s’excuser presque de ne pas l’avoir satisfait, je veux leur dire que j’avais le même à la maison. Le profil du violeur n’est pas celui qu’on va rencontrer tard le soir dans un parking sombre », a expliqué celle qui est devenue au fil de ce procès un symbole des violences sexuelles, et un visage de la dignité.
La victime, qui s’est exprimée pendant un peu plus d’une heure, est revenue sur son refus du huis-clos. « Ce n’est pas du courage », a-t-elle toutefois corrigé. « C’est de la détermination et de la volonté pour faire évoluer cette société. C’est pour cela que je suis tous les jours dans cette salle d’audience. »
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